ÉTATS D'ÂME TEXTES DE S. x

Parce que je viens de loin

Je suis présentement en train de lire la biographie de Corneille « Là où le soleil disparaît ». Et j’admets que son histoire me trouble terriblement. Pourtant, j’ai moi-même vécu mon lot de malheurs. Mais comme lui, une voix à l’intérieur m’a presque toujours assuré que je m’en sortirais. Je savais que j’allais passer au travers. Il m’aura fallu être patiente certes, mais j’ai tout de même fini par avoir raison. Comme dans sa chanson « Parce qu’on vient de loin » et l’autre, ma préférée, celle que j’aurais eu envie d’écrire moi-même « Seul au monde », je me sens de ceux qui viennent de loin et qui sont seuls au monde.

Dans une librairie sur St-Denis il y a quelques semaines, je suis tombée sur son livre. J’en avais entendu parler dernièrement, et je m’étais questionnée à savoir si j’étais prête à lire ce livre maintenant. Lorsque j’ai lu les cinq premières pages de son récit, j’ai manqué de force dans les jambes, littéralement. Et puis, je me suis dit que je me devais bien au moins ça. C’est-à-dire que je devais forcément lire le récit de celui avec qui je me comparais dans les moments les plus difficiles de ma vie. Je devais le lire, et le lire maintenant. Drôlement, parfois la vie nous arrive. Je n’allais pas là cette journée-là chercher ce livre-là, j’y allais pour autre chose, mais comme parfois la vie nous arrive tout naturellement, je suis repartie avec en mains l’explication logique de mon histoire à moi aussi.

À la lecture de son récit, je me sentais, étrangement, toujours plus apaisée. Savoir que Corneille ait été capable de survivre à toutes ces atrocités me donnait du courage pour la suite, pour ma suite à moi. Je trouve cet homme particulièrement touchant et inspirant. D’une autre façon aussi, parce que mon histoire à moi se rapproche, dans des degrés différents, de la sienne à lui. Chaque moment où il entretenait des dialogues avec les morts, sa famille, son père surtout, j’enviais quelques unes de leurs discussions, et je souhaitais pouvoir à mon tour, en faire autant avec les miens. Aussi, c’est au travers ses mots à lui que je me suis rappelée tout l’amour que me portaient ma mère et mon frère, dans une époque où ils étaient encore avec moi. Ce qu’ils m’ont aimée ces deux-là, ils m’ont aimée comme si inconsciemment ils savaient tout ce qui s’en venait. Corneille dit avoir été lui aussi aimé à profusion, comme si sa famille à lui aussi savait ce qui le guettait. C’est comme si ma famille à moi aussi savait qu’un jour, j’allais avoir terriblement besoin de me rappeler de ce que ça fait que d’être réellement aimée et combien important il est d’avoir quelque part dans son ADN cette empreinte de l’amour.

Contrairement à Corneille, moi, c’est à trois moments bien distincts dans ma vie que j’ai tout perdu : septembre 1989, décembre 2003 et avril 2008… Ça, pour me permettre de mieux me retrouver, moi, plusieurs années plus tard. Si un jour déjà, j’eus souhaité effacer ces horreurs de mon passé, je suis consciente que comme Corneille, j’aurais aussi soustrait tous mes bonheurs présents. Ma soif de vérité, mon goût en la vie, mes amis, mon amoureux. Si me sentir seule au monde eut été nécessaire pour le rencontrer lui alors je ne veux plus à présent réécrire mon passé, et ne tenterai plus jamais de l’oublier, et ce parce que tout comme Corneille, je sais maintenant que je dois « le meilleur de ma vie au pire de mon existence. » (Corneille, 2016).

 

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S.

sophie

Source photo : Unsplash

Champagne & Confetti

Blogue mode, beauté, style de vie et développement.

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4 Comments

  1. J’avais 6, 7 ans quand devant une épreuve de santé, la pensée m’est venue :  » Moi, je m’en sortirai « … car hélas, d’autres enfants mouraient autour de moi … Bises
    Merci pour l’analyse et tes réflexions bien courageuses – france :)

    1. Sophie Carroll-Major says:

      Merci France pour ces beaux mots..!

  2. […] J’évite ici de refaire état de mon histoire personnelle, je t’invite à aller lire un de mes premiers textes. Aux mains qui se sont tendues vers moi quand je feelais pas, merci. Continuons d’en parler, […]

  3. […] Parce que je viens de loin […]

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