ÉTATS D'ÂME TEXTES DE A.

Le bonheur dans le léger

J’ai longtemps cru ne plus jamais ressentir la légèreté. Que ce drame venait de retirer toute l’insouciance et la futilité que peut contenir une vie. Que plus jamais je ne vivrais de petits bonheurs simples. Seulement la lourdeur de mon cœur meurtri à longueur de journée. L’extinction de l’étincelle qui brûlait en moi. Et je dois avouer que ça a duré longtemps. Ce sentiment de fatalité constant, de rejet du doux. J’étais convaincue d’être condamnée à traîner mon air d’enterrement jusqu’à la fin des temps. Exposer ma face de fille malmenée par la vie à la vue de tous. Clamer haut et fort mon malheur plus déchirant que n’importe quel autre. M’imposer d’être endeuillée en permanence.

Puis, un jour, sans crier gare, le sourire m’est revenu. J’ai été divertie par une chose complètement insignifiante. Quelqu’un, quelque chose, quelque part m’a détourné de ma complaisance dans la tragédie. Je me suis remise à rire, à savourer la nourriture, à apprécier un livre. À jouir d’une soirée entre amis où le plus grand dilemme est blanc ou rouge. J’ai retrouvé le plaisir de se mettre dans tous ses états parce qu’on ne sait pas quoi porter pour une soirée. À trouver important que la couleur des nouveaux coussins fittent avec le sofa. Quelque part au fond de moi, j’ai reconnecté avec la légèreté que je croyais avoir perdue et j’ai compris à quel point elle avait de l’importance dans mon quotidien. J’ai compris à quel point j’avais besoin de futilité pour me sortir de ma douleur.

Ce jour-là, j’ai décidé que le léger serait une priorité pour moi. Pas par manque de profondeur, mais par peur de m’y enfoncer à nouveau. Pour ne plus jamais laisser la noirceur prendre toute la place. J’ai décidé de profiter de chaque petite touche de légèreté que la vie mettrait sur mon chemin. De me fâcher pour des trucs insignifiants et de revendiquer le droit de le faire sans jugements. De vivre intensément.

Et puis, il y a eu ce soir qui est venu tout confirmer. Ce soir de 5 à 7, de plaisir, de discussions puériles sur je ne sais quel sujet non pertinent. Ce soir où j’ai appris qu’un jeune souffrant de la même maladie que mon fils venait de perdre la vie. Que des parents étaient en train de vivre ce moment que je redoute tant depuis l’annonce du diagnostic. Je ne pourrais dire quel âge avait le garçon, mais il ne fait aucun doute qu’il n’avait pas l’âge de mourir. Qu’il avait l’âge d’être lui aussi en train de rire de la beauté de la vie. J’ai fermé mon téléphone, j’ai pris une gorgée de vin et je suis retournée aux absurdités qui se disaient autour de moi. Comme un mécanisme de défense. Se vautrer dans le léger pour ne plus jamais retourner si loin. Un mode de survie pour traverser cette épreuve et toutes les autres qui suivront. Prioriser la légèreté pour se rapprocher du bonheur, de la paix intérieure.

 

 

 

 

A.

Source photo: Unsplash

Champagne & Confetti

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