ÉTATS D'ÂME TEXTES DE A.

L’amour féroce

Ne plus se rappeler la douceur. Du bien qu’une tendre caresse puisse apporter. S’effondrer sous la force d’autant de bienveillance. Fondre en voyant ses yeux briller d’une telle candeur. Rester figé. Ne plus comprendre ce qui se passe. À une époque où la violence est omniprésente. Quand notre cœur, notre corps et notre sexe en souffrent. En souffrent au point où on croit aimer ça. Où tout est mis en place pour qu’on aime la douleur. Quand on se fait graver nos émotions sur la peau parce que ça fait moins mal que de les vivre.

Aimer l’amour féroce. Celui qui brasse, qui nous shake parce que la vie nous ennuie. Rechercher la confrontation au lit parce qu’on manque de pouvoir sur nos vies. Rêver de soumission parce qu’on n’en peut plus de la charge mentale du quotidien. Être une bonne personne en société, mais se soumettre à des jeux sadiques une fois la porte de la chambre fermée.

Pour évacuer la pression. Pour se débarrasser de l’anxiété de performance qu’on s’impose. Tellement s’ancrer dans ce rôle, qu’on le croit écrit pour nous. Qu’il nous convient. Se définir dans une pratique au point de ne plus savoir où tout ça a commencé. Le sentiment d’infériorité qui nous habite à cet instant. Le besoin de ne plus rien contrôler, de remettre son sort à l’autre. L’exaltation ressentie dans le lâcher prise. La perte de possession de son propre corps. Comme une façon de se laver de nos pêchés. Sacrifier son corps pour préserver son esprit.

Et y prendre goût. De plus en plus. En redemander plus. Toujours plus. Y être tellement habitué qu’on apprend à s’y plaire. À aimer cette torture. À en avoir besoin. À pousser nos limites toujours un peu plus loin. Jusqu’où on peut aller. Et y revenir sans cesse. N’en avoir jamais assez. Convaincu que c’est ce qu’il nous faut. Y avoir été si souvent confronté, conditionné à aimer la domination. Les rapports physiques violents et passionnés.

Et puis un jour arrive cette personne équilibrée qui ne joue pas ce genre de jeu. Cette personne qui peut nous ébranler plus que n’importe quel geste pervers juste par sa douceur. Une main tendre et respectueuse. Des baisers délicats sans pression, sans contention.

«Tu es belle, on n’a pas besoin d’aller là maintenant, je veux juste t’embrasser encore.»

On est loin du lexique habituel : «Touche-moi, penche-toi, écarte-toi!». Loin des ordres et du jeu de pouvoir. Un désir sain qui fait perdre ses repères. Être terrorisé par cet inconnu. Par le pouvoir qu’il a de nous ébranler dans sa douceur.

Y découvrir quelque chose dans lequel on a envie de plonger en confiance. Sa main dans nos cheveux, son regard au fond du nôtre. Y voir que de la bonté. Se demander pourquoi le jeu était si différent avant. Comment on a pu ignorer que la tendresse est encore plus érogène que les chaînes et les fouets.

Vouloir changer de jeu. Plus de dominant et de dominé. Seulement des partenaires. Partager du respect et de la chair. Préférer la sensualité à la génitalité.

 

 

 

A.

Source photo: Unsplash

Champagne & Confetti

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