ÉTATS D'ÂME TEXTES DE I.

Apprendre à voir l’invisible avec le cœur

Depuis le mois de décembre 2019, j’ai pris la décision de prendre le temps de faire du bénévolat. Je ne voulais pas quelque chose qui demande trop d’implication, car je suis plutôt occupée, comme tout le monde, mais je voulais prendre environ 3h par semaine pour faire une micro différence pour des gens. Je voulais quelque chose de flexible où je peux donner plus quand j’ai plus de temps, et moins quand je cours déjà partout.

Une personne m’a conseillé d’intervenir auprès des personnes ayant une déficience visuelle, puisqu’ils avaient besoin d’accompagnements justement assez spontanés et donc sur appel. De plus, étant cette passionnée dont le travail est de s’émerveiller avec ses yeux (et son cœur), disons que ça venait me chercher particulièrement. J’ai appliqué sans hésiter et j’ai été prise à mon grand bonheur en début d’année.

L’expérience a été jusqu’ici vraiment enrichissante bien que mon implication se soit vue interrompue par l’arrivée du virus. Ceci dit, j’ai été appelée par une association qui travaille en collaboration avec eux pour participer à un programme qui brise l’isolement, par des appels téléphoniques occasionnels avec une personne qui nous a été assignée.

Tout est confidentiel de mes conversations, mais je voulais rédiger un texte qui met en lumière ce que j’apprends, moi, de ce magnifique échange avec cette dame. Donner, ça fait du bien, mais quand vous avez en plus la chance de découvrir ce genre de personne, vous ne pouvez que grandir et vouloir partager un peu de cette sagesse qu’elle vous apporte.

«Ma madame», comme je l’appelle. Ma madame, c’est une dame positive et forte. Le genre de personne qui voit le bon dans les gens et les situations. Qui fait confiance à la vie même quand la vie est difficile. Nous pouvons parler de tout, elle a une belle ouverture, une opinion, une douceur. On rit tellement ensemble. Voici un top 3 de mes leçons apprises par nos conversations.

1. La peur, c’est un peu con. Écouter, c’est simple.

J’avais peur de notre premier appel. On va se dire quoi? Est-ce qu’elle va être gentille, ou plate? Comment on commence une conversation avec une inconnue au téléphone? Comment je mets fin à l’appel si c’est lourd ou inconfortable?

Ma madame attendait mon appel avec impatience. Elle avait tellement de choses à dire que je n’avais qu’à écouter. Elle me racontait sa vie, son passé, me parlait de sa famille, son histoire. M’expliquait comment elle vivait le confinement. Je ne peux expliquer comment je me suis sentie soulagée. J’avais eu peur pour rien, cet appel, je n’étais pas pressée d’y mettre fin. J’avais l’impression de parler à une amie.

2. Appelle ta grand-mère.

Après avoir raccroché de notre premier appel, j’étais triste de ne pas être plus proche de ma grand-mère. Je parlais à la grand-maman de quelqu’un et pourquoi pas à la mienne? Une mamie, c’est tellement précieux et pourtant on oublie de l’écouter, de l’appeler.

C’était presque gênant d’appeler ma propre grand-mère, car je pense que je n’avais même jamais fait ça… C’est en fait moins intimidant d’appeler une inconnue et bâtir une sorte de relation téléphonique, que de faire une réapparition dans la vie de quelqu’un dont on sent qu’on a «négligé» le lien. Je veux dire, on se voit à l’occasion, on s’aime, mais on ne se parle pas souvent comme ça. Juste pour se jaser, tu sais.

Ma grand-mère, d’ailleurs, je me souviens très bien plus jeune avoir été chez elle me faire garder et d’avoir été au bénévolat avec elle. Faut croire que j’avais vu ça quelque part pour avoir envie d’en faire. Et c’est mon bénévolat qui nous rapproche aujourd’hui. La roue tourne.

3. Voir est un cadeau. Mais ne pas voir n’est pas une punition.

Et ça s’applique à tellement de situations, de ne pas prendre les choses pour acquis, ni comme un châtiment. Vivre c’est plein de défis, de hauts et de bas. Voir, c’est une chance qu’on oublie parfois. Au téléphone, ma madame et moi on est à égalité en quelque sorte car on ne se voit pas. On n’a pas le cœur sur les apparences, mais sur l’expérience. Il faut apprendre à vivre plus comme ça… Avec le cœur plus qu’avec les yeux.

Et dire que je pensais rendre service…

En quelques appels, une dame avec une déficience visuelle me réapprend à voir l’invisible.

Elle me donne des repères, de quoi m’accrocher.

Elle me réaligne avec mes propres valeurs.

Tout ça, juste en prenant un peu le temps d’écouter, une dame, ma madame, qui avait envie de jaser.

 

 

 

I.

Source photo: Unsplash

 

Champagne & Confetti

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