ÉTATS D'ÂME TEXTES DE A.

Pas de gris

Je dois écrire. Il faut que j’écrive quelque chose, j’ai un deadline et ça m’angoisse. Depuis quelques jours, je ne pense qu’à ça. Mon sujet. Sur quoi je vais bien pouvoir écrire, mais rien ne me vient en tête. Ou plutôt tout. Tout ce que j’ai envie de dire. Noir-blanc, bien-mal, comme un tourbillon interne auquel je n’arrive pas à mettre de l’ordre.

Aucune nuance, aucun gris. Que des choses qui m’émeuvent au plus haut point et d’autres qui me dégoutent sans bon sens. Et j’essaie d’organiser le tout, mais rien de sensé n’en ressort. Rien de logique. Que des émotions fortes, sans retenue, sans peut-être. Je suis comme ça. Oui ou non. Vrai ou faux. Tu embarques ou tu débarques.

Noir, je pense à nous, à toutes ces femmes qui voient leurs droits encore et toujours bafoués. Leur droit à sortir dans les rues vêtues comme elles le souhaitent sans se faire cat call aux deux minutes. À celles dont le salaire n’équivaudra jamais celui d’un homme malgré leurs compétences égales ou même supérieures. À celles qui devront se battre devant un jury majoritairement masculin et les convaincre qu’elles n’ont pas cherché à se faire agresser. Je pense à ce racisme systémique qui me fait pleurer systématiquement.

Quand je dois expliquer à mes enfants que l’homme est mort parce qu’il n’était pas de la bonne couleur selon M. L’officier. Quand je leur dis que leur ami Fabala à la garderie doit être traité comme eux et qu’ils ne comprennent même pas elle est où la différence. Parce qu’ils ont raison, il n’y en a aucune différence.

Noir, quand je pense à tous les combats qu’il nous reste encore à mener pour être satisfaits de ce monde.

Blanc, quand je pense à la jeunesse d’aujourd’hui. Quand je les vois encore plus ouverts que nous l’étions. Quand ils envahissent les rues pour protéger l’environnement, pour dénoncer le racisme, pour célébrer la diversité sexuelle. Je ne peux m’empêcher de verser une larme de fierté quand je vois la société qu’ils sont en train de construire. Quand un jeune de 15 ans m’en apprend sur l’ouverture d’esprit et qu’il me force à faire une introspection sur mes propres idées préconçues, mes préjugés. Si on se croyait ouverts et tolérants, ma génération a tout à apprendre de celle qui nous talonne. Apprendre de leur maturité et de leur esprit communautaire. Bien loin du nôtre si nombrilisme au même âge.

L’espoir que mes enfants n’auront pas à vivre ce que j’ai vécu, car leurs comparses seront tellement plus tolérants. De l’espoir à l’état pur pour ce qui s’annonce dans le futur.

Mais jamais de gris. Aucune nuance. La légèreté et le laisser-aller m’ont quittée depuis longtemps. S’apitoyer ou se battre sont mes seules options. Se laisser porter par le courant a prouvé son inefficacité de mon côté. L’inaction mène à l’insatisfaction chez moi. Je préfère lutter. Et même si j’échoue, j’aurai au moins tenté le maximum. Plus jamais de gris.

 

 

 

A.

Source photo: Unsplash

Champagne & Confetti

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