En mémoire de MF, MJ, Stef ainsi tous ceux partis trop tôt…
Si longtemps, j’ai cru que la vie n’était qu’une série d’événements linéaires, que tous nos moments étaient étalés comme un château de cartes et que lorsqu’une carte tombait, elle entraînait automatiquement les autres dans son gouffre éternel; et que de la première à la dernière, les étapes de notre vie ne faisaient que réagir à la dernière carte tombée. Mais je me trompe, la vie ne se passe pas comme ça du tout.
La neige tombe dehors, la noirceur prend lentement sa place et la morosité du temps me rappelle ces gens disparus trop vite, ces personnes, trop jeunes, qui ont, chacune à leur manière, marqué nos vies et que la vie a pris de nous souvent sans avertissement, sans prendre compte que, nous, nos cœurs, nos émotions seront à tout jamais éraflés, voire brisés.
Longtemps, j’en ai voulu à la vie de m’avoir enlevé le sourire d’un amour mort d’avoir voulu trop aimer, d’avoir voulu trop être aimée, et qui, en bout de ligne a tout laissé tomber car elle ne voyait pas avec son petit cœur, sa petite voix, ses petites manies, que tout le monde l’aimait. Elle est au ciel et les étoiles entre elles ne parlent maintenant que d’elle.
Je n’ai jamais compris le destin humain, les portes coulissantes de la vie, l’effet papillon qui, à cause d’une décision anodine, peut changer le cours de la vie de dizaines, voire de centaines de gens. Une décision qui t’arrache un ami cher, un chum aimant, un fils modèle… Je n’ai jamais compris comment dealer avec ça, voir ton ami dans un cercueil, trop jeune, trop plein d’avenir, trop plein de joie… trop plein de choses maintenant ensevelies avec lui dans ce tombeau où la mémoire de son sourire à tout faire rompre n’est maintenant que le dur souvenir d’un autre départ beaucoup trop hâtif.
Mais ce que je n’ai vraiment jamais compris, c’est comment cette vie, cette chienne de vie pouvait arracher une mère, une jeune mère, la pourfendre d’une maladie terrible et à jamais n’en faire qu’un souvenir immatériel. Endeuiller un mari, des enfants, des amis. Sur quoi elle se base pour choisir ses victimes, la vie? Une partie d’échecs entre le Diable et Dieu pour l’âme de milliers de pauvres humains?
Si la vie était longiligne, si la vie était linéaire, chacune de ces histoires ne finirait pas si tôt; aucune de ces personnes ne serait partie si vite… tout comme toutes ces autres, trop jeunes, trop belles, trop pleines de joie et de vie…
Aujourd’hui, je me rends compte plutôt que ces moments non-longilignes tombent en fait sur nous, comme des confettis, comme de la pluie, comme ces flocons si beaux mais si froids. Et je me dis que tant qu’à tomber, que ces moments difficiles soient remplacés par les souvenirs magiques et heureux que nous avons de ces anges, que leur mémoire tombe sur nous comme des confettis, comme la pluie, comme ces flocons si beaux et si doux.
P.
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