Champagne & Confetti

Elle.

Elle est arrivée et entrée dans ma vie comme si elle avait toujours été là.

Après quelques temps à fréquenter un homme plus âgé que moi, celui-ci m’a ouvert à parler davantage de mes envies sexuelles. Je lui avais mentionné mon fantasme à coucher avec une femme, par curiosité. Après quelques semaines de fréquentation, l’homme en question a mis un terme à nous.

Un pattern qui m’arrive un peu trop souvent. À 30 ans, l’échec amoureux devient de plus en plus pesant. Surtout lorsqu’on n’a jamais vraiment vécu à deux.

Le cœur lourd, nos conversations sur mes désirs me reviennent en tête. C’est le temps de penser à moi, de me découvrir avant de rencontrer le bon.

J’ai toujours parlé ouvertement de ma sexualité, pour moi rien n’est tabou. Mais voilà que je décidais de sortir de ma zone de confort, de coucher avec une femme.

Assise sur mon lit, j’activais l’application sur mon téléphone et modifiais mes critères de recherche. Mon cœur et ma respiration se mirent en accéléré lorsque mon écran m’afficha toutes ces femmes à la recherche d’une autre. Après plusieurs recherches vaines, j’étais un peu découragée… lorsque je suis tombée sur Elle.

Tout de suite, elle m’attira; son regard, ses cheveux, sa beauté. Je lus sa description; nous avions les mêmes intérêts communs, le même style, les mêmes goûts musicaux.

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J’ai donc «swipé» à droite. Mon cœur s’arrêta lorsque je vis notre match. Je fonçai:

«Hello :)»

«Allô!»

Notre conversation coulait à un rythme normal, et surtout, elle s’exprimait bien. Après quelques échanges, elle me demanda mes attentes ici. Embarrassée, je décidai de lui dire la vérité:

«Je suis principalement attirée que par les hommes, mes dernières relations ont été avec le sexe opposé. Par contre, j’ai toujours été curieuse de l’essayer avec une femme. Je le sais que pour vous, les lesbiennes, nous sommes vos ennemies, les femmes hétéros curieuses. Je comprendrais si tu ne voulais pas… par contre, sache que je te trouve très charmante.»

Je vis mon interlocutrice écrire, effacer, écrire à nouveau:

«Écoute, tu sembles bien connaître notre réalité, à nous les lesbiennes. Je te trouve très intéressante et j’aimerais bien poursuivre notre discussion. :)»

Flirter avec le même sexe est quelque chose de beaucoup plus simple que je l’aurais cru. J’avais simplement à lui dire ce que j’aimais me faire dire par un homme.

Le soir, avant de dormir, je pensais à elle, à comment j’allais m’y prendre pour lui faire l’amour. J’avais peur de ne pas savoir comment, mais j’avais surtout hâte de lui faire. J’étais prête, et le jour suivant, je lui ai demandé si elle était libre le weekend. Elle m’invita à souper chez elle le samedi soir:

«Si jamais tu changes d’avis, aucune pression, ça sera au pire un souper entres amies.»

Son message me rassura sur le coup, et je l’appréciai davantage. Cette femme me semblait parfaite déjà. Quelque chose en moi savait déjà qu’elle serait marquante pour moi.

Samedi arriva, et bizarrement jetais en contrôle. Pas elle. Elle m’écrit qu’elle était très nerveuse,  elle n’avait rien mangé de la journée.

J’arrivai chez elle. Elle était encore plus magnifique que sur photo. Elle m’accueillit avec un verre de gin tonique. Elle avait cuisiné le meilleur poke bol, ouvert la meilleure bouteille de vin importée, mis la meilleure musique, fait la plus belle mise en table. Tout était parfait.

Après le repas, elle m’invita à poursuivre notre conversation et terminer la bouteille de vin au salon.

Sur le divan, je me suis rapprochée d’elle. Elle m’a regardée dans les yeux. Je la trouvais si belle et son parfum m’envahit du désir de l’embrasser sur le champ. Après avoir posé mes lèvres sur les siennes, je me reculai pour voir sa réaction. Elle poussa un grand soupir de soulagement:

«Il était temps, j’en pouvais plus! Depuis que tu as franchi la porte d’entrée, je te trouve si hot!»

Je ris et recommença à l’embrasser. Ses lèvres étaient douces, ses gestes aussi.

J’étais en contrôle de mes touchers sur elle, comme si je connaissais son corps déjà par cœur. Ce dernier me le confirma lorsque je sentis son plaisir couler sur mes doigts après seulement quelques secondes. Elle cria son orgasme alors que son plaisir continua de se verser sur ma main.

Après avoir repris son souffle, elle me dit:

«Je te crois pas que c’est ta première fois avec une femme.»

J’ai dormi avec elle cette nuit-là, suivie de plusieurs autres. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait à moi, l’hétéro.

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C’était si simple avec elle, aucun jeu. Je pouvais être moi-même et elle m’appréciait. Les matins étaient doux, elle était attentionnée comme aucun homme ne l’avait été avec moi.

Elle a rencontré mes amis, est venue dans ma famille à Noël. Tout le monde l’a accueillie à bras ouverts, tout le monde l’adorait.

Moi, j’étais totalement perdue. Mon cœur et ma tête n’étaient pas en harmonie. Ma tête essayait de comprendre le tout… Elle n’était pas un homme et j’angoissais à l’idée de devoir faire une croix sur les hommes. Tandis que mon cœur, lui, était simplement heureux d’être aimée enfin.

Puis, un beau jour, nous sommes parties dans un chalet pour quelques jours dans les Cantons de l’Est. C’est dans ce chalet que j’ai senti son détachement envers moi. Ou c’est le mien. À notre retour à Montréal, elle me mentionna son désir d’être seule avec ses parents pour le réveillon du jour de l’an. Mon cœur se pinça, les femmes avons cette force de savoir lorsque la fin arrive.

Ce soir-là, le 31 décembre, j’ai bu énormément au bar. J’avais besoin d’oublier ce pressentiment. Le matin du 1er janvier, j’ai reçu ce fameux long texto de rupture.

Elle sentait qu’elle retombait dans une relation, elle qui venait de sortir d’une longue de 6 ans. Elle s’était oubliée, elle voulait être libre.

J’étais soulagée, soulagée car j’étais libre de ne pas affronter ma tête qui n’avait jamais compris ce qu’elle voulait. Ma tête qui m’a fait acheter un billet d’avion par la suite, pour partir seule. Mon cœur, qui avait besoin d’être loin d’elle pour mieux comprendre.

J’écris ceci, seule et loin d’elle, et la vérité est que je ne comprends pas plus. Jamais je n’aurai compris mes sentiments envers elle, mais une chose est certaine. Elle s’est choisie, et c’est le meilleur choix qu’elle aurait pu faire.

Moi, je serais restée avec elle, jusqu’à temps que tout s’éclaircisse. Mais on ne demande pas à une personne de rester parce que tout est embrouillé. Je n’ai pas à lui demander mon chemin parce que je me sens perdue.

Elle aura été une source d’inspiration, un miroir féminin. Jamais je ne pourrai la remercier assez pour ce qu’elle m’apporté.

Elle aura été la femme de ma vie, car elle sera sûrement la seule. La seule qui aura été plus qu’un fantasme sexuel, la seule qui aura touché mon cœur.

Merci à elle, en lui souhaitant tout cette belle liberté et le bonheur qu’elle mérite.

 

 

 

Anonyme.

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