Champagne & Confetti

Hommage à mon papa

«Luke Skywalker was happy to find his dad, right? Even if he turned out to be Darth Vader».

Quand j’étais petite, d’âge et non de taille, parce que cette dernière n’a pas beaucoup évolué depuis le temps auquel je fais référence, mon père voyageait souvent, trop souvent. Puisqu’à l’époque les vols de Montréal avaient comme point de départ l’aéroport de Mirabel (oui, vous pouvez maintenant réaliser que je suis bien plus vieille que je n’en ai l’air), je montais tout là-haut pour regarder les avions partir. Même s’ils étaient juste de l’autre côté de la vitre, ces derniers me paraissaient si grands, si loins, si inatteignables et pourtant, le fait de les apercevoir me rapprochait, du moins dans mes songes d’enfant, de mon papa.

«Maman, il ne te manque pas papa?

– Mais non, puisque je le vois à tous les jours, dans tes yeux.»

Et pas juste dans tes yeux, devait-elle se dire. Connaissez-vous les t-shirts aux slogans Ctrl+C (Copier) et Ctrl+V (Coller) que les nouveaux parents achètent à leurs jumeaux? Eh bien, dans notre cas, nous étions non seulement la pomme et son pommier mais bien les deux moitiés d’un même fruit identique. Je dis souvent d’ailleurs que ma mère n’a pas dû participer très activement aux étapes de procréation menant à ma naissance, car vraiment, je suis le portrait craché de mon cher géniteur qui, franchement, aurait pu se garder une petite gêne en me transmettant son code génétique parce que sa générosité fut particulièrement grandiose.

Évidemment, au-delà de notre mutuelle perfection physique, mon père et moi avons également les mêmes spécificités caractérielles: nous sommes têtus, nous sommes angoissés, nous sommes organisés, nous sommes impatients et surtout mais surtout, nous sommes capricieux. Je suis donc une vraie fille à papa, à 100%.

Jusqu’au début de la vingtaine, j’apercevais mon père comme ces avions qu’il avait pris si souvent; il était grand, il était loin et il était inatteignable, du moins métaphoriquement parlant. Puis un jour j’ai appris, malheureusement pour moi, que mon père n’était pas inébranlable et puis ce jour, mon monde s’est écroulé. Cet homme qui avait été pour moi synonyme de solution à tous les problèmes et difficultés auxquels j’avais pu faire face jusqu’à présent faisait aujourd’hui face à un souci insurmontable et nous étions pour une fois, tous les deux de petits êtres minuscules et insignifiants face à cette chose grandiose et injuste que fut la vie.

Avec le temps, l’immensurable s’est relativisé, le calme a su régner, mais la fragilité de mon père s’est ancrée en moi, telle un poids à supporter, telle une ombre avec laquelle cohabiter. La gratitude que j’ai pour cette ombre ne se dissipera pourtant jamais, car il n’est peut-être pas un super-héros se précipitant à ma rescousse ou bien le roi du monde dans lequel je suis une princesse, mais il est mon papa à moi et ça, je ne l’échangerais pas pour tout un royaume.

 

 

 

 

Gmz.

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