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Le privilège d’un papa

On apprend tout jeune à l’école qu’une famille se compose généralement une figure paternelle et maternelle. Du moins, c’est ce qu’on m’a appris quand j’étais enfant. Les mots maman et papa signifiaient sécurité et réconfort. En juin dernier, c’était la fête des Pères. Pour certains, c’était quelque chose de positif; un moment pour se rencontrer, pour fêter, et surtout, pour dire à notre père qu’on l’apprécie. Pour d’autres, c’est plus un trigger émotionnel qu’autre chose. Malheureusement, ce n’est pas tout le monde qui a le privilège d’appeler quelqu’un «papa».

J’ose croire qu’on vient avec un mécanisme d’adaptation pour combler ce vide; un vide qui est difficile à combler. Pour certains, leurs moments de type «des moments au chalet en famille» sont plus du genre: «j’aperçois mon papa sur l’effet des substances à halluciner» ou «je l’aperçois faire de la violence conjugale». J’avais le goût de vous parler du mien. De ma figure paternelle. De l’homme qui m’a servi, comment dire, d’exemple.

J’ai quand même été chanceux. J’ai réussi à connaître mon père. Je ne sais pas si c’est une bonne chose avec tous les événements qui se sont passés, mais il faut croire que rien n’arrive pour rien. Je suis venu au monde d’un mensonge, mon père avait, comment dire, dit à mère qu’il était infertile en raison d’un accident majeur.

Lorsque j’étais en bas âge, mon père voulait souvent que je sois avec lui pour un certain contrôle. Sauf que mon père ne travaillait pas, il était plus du genre à s’aventurer dans les histoires de drogues. Étant jeune, trois ou quatre ans, je le suivais en auto et je me rappelle clairement qu’il ne voulait pas que j’entre dans les maisons où il allait, donc il me laissait dans l’auto, hiver comme été. Donc il faisait chaud et très froid… Je me rappelle de vouloir entrer pour aller aux toilettes, de me faire ignorer et de voir les sacs poubelles dans les fenêtres et voir les bouteilles, les sacs et les cuillères brûlées sur la table.

Mon père était un homme violent. Dès qu’on disait le contraire de ce que lui avait en tête, la violence était l’option. Il était aussi très sexuel, même trop. Quand j’ai décidé de vouloir aller vivre avec lui en secondaire 1, il me faisait sortir de la maison (ou plutôt un chalet mal isolé avec seulement un lit) pour coucher avec ses conquêtes.

Souvent, les gens ayant des problèmes de drogues étaient présents. Eh bien, avant la première journée d’école de secondaire 1, mon père a décidé de faire un petit party d’une vingtaine de personnes sur l’influence de je-ne-sais-quoi. Je ne vous spoil rien quand je vous dis que ça a viré au vinaigre. Quand je dis vinaigre, je dis que ça a viré avec un doigt coupé et des menaces de mort pour moi et mon père. Donc, je peux vous dire que la nuit de sommeil était très courte avant ma première journée d’école dans un nouvel établissement. Heureusement, je tiens un souvenir positif de cette soirée parmi tant d’autres. Ça fait des maudites bonnes jokes de stand-up. As-tu déjà vu ça un p’tit doigt dans un sac Ziploc la veille de ta rentrée scolaire? Eh bien, moi oui!

 

 

J.D.

Source photo: Unsplash