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Je veux pas qu’on m’oublie

On dit toujours qu’il faut faire les choses pour soi en premier, qu’il faut s’aimer d’abord, qu’il faut se mettre en avant et que les autres on s’en c****.

Mon désir, c’est effectivement de m’aimer en premier afin de mieux aimer les autres ensuite. Sauf que parfois, je me demande quelle trace je laisse. Est-ce positif? Est-ce négatif? Ou est-ce que c’est du 50/50?

Je me demande ça souvent, parce que quand je ne serai plus là, je veux avoir laissé ma marque, je ne veux pas qu’on m’oublie, mais surtout, je veux que mon entourage puisse avec plus de bons que de mauvais souvenirs de moi.

Je ne veux pas qu’on se souvienne de moi à coups de «ah oui, mais…», «ah oui, elle était bien, mais…»… Un «mais» qui fait toujours suivre un truc négatif…

J’aimerais plutôt qu’on se souvienne de moi à coups de «ah oui, pis t’sais..!». T’sais, quand tu te remémores des souvenirs positifs, remplis de rire. Des souvenirs qui sont soulevés et qui s’enchaînent sans arrêt et sans cesse, suivis de «ah oui, pis t’sais la fois où…».

J’ai perdu des êtes chers dans les dernières années. Ça me fait réaliser que j’ai la mémoire longue. J’ai effectivement des souvenirs vivides qui remontent à loin avec ces personnes-là. Des souvenirs heureux, des souvenirs ordinaires, de belles images marquées au fer rouge dans mon cerveau.

J’ai peur qu’on m’oublie. Parce que je n’ai pas la vie de star, parce que je n’ai pas une carrière de PDG, parce que je ne fais pas partie du night life et parce que j’ai une vie ordinaire. Une bien belle vie ordinaire qui va tellement bien.

J’en ai rencontré du monde, j’en ai fait des projets, j’en ai fait des activités, j’ai voyagé, j’ai vu tellement de choses. Quand je prends le temps de m’y arrêter, je me rends toutefois compte que ces moments ont souvent été éphémères et de passage. Mon nid est fixe depuis 10 ans, mais j’ai tout de même parfois l’impression de vivre une vie de nomade. Des nouveaux projets, des nouvelles idées, des changements de vie qui changent le courant et qui font bouger certaines choses. Je peux donc dire que j’ai croisé plusieurs personnes sur cette route. Pour la plupart, je n’aurai et ils n’auront été que de passage. Alors est-ce que j’y ai laissé un peu de ma marque malgré tout?

Je ne veux pas qu’on m’oublie. J’aimerais que les gens qui m’entourent puissent avoir une banque incroyable de souvenirs bons, drôles et touchants. Je ne veux pas qu’on m’oublie, qu’on pense à moi parfois. T’sais, quand tu repasses les photos de ton primaire, de ton secondaire et du cégep, y’a toujours des personnes que tu ne replaces pas. Serais-je de celles-là?

J’aimerais ça qu’on se souvienne de moi. Certains diront que c’est égoïste. Alors j’explique. Comme certains d’entre vous j’en suis sûre, j’ai dû dans les dernières années dire au revoir à plusieurs personnes qui sont allées dormir sur les cumulus (après tout, personne n’opterait pour un cirrus). Alors qu’il m’arrive de penser à tous ces souvenirs que je ne pourrai pas construire avec elles, il m’arrive aussi de revoir les souvenirs tangibles que j’ai de ces personnes.

T’sais, le jardinage avec ma grand-maman, son appartement, ses manières, son sourire. Le party au sous-sol de chez une amie, la journée au spa, les discussions sur son sofa. Tu vois ce que je veux dire?

Et c’est généralement là que je me dis: est-ce qu’on se souviendra de moi aussi bien que je me souviens d’eux? J’espère juste que oui, en fait.

 

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MB.

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