Jeudi le 12 mars
11:25 – Un jeune garçon de 10 ans quitte son domicile pour se rendre chez un ami.
Vendredi le 13 mars
14h00 – Toujours aucune trace du petit garçon, l’alerte Amber est déclenchée.
Alerte Amber. Des mots qu’aucun parents ne veulent savoir émis pour leur enfant. Je ne peux imaginer la peine et la douleur que ces parents peuvent ressentir depuis ce vendredi gris. Depuis, le Québec en entier se met ensemble et redouble d’effort pour retrouver cet enfant. Au moment où j’écris ces mots, nous n’avons pas retrouvé Ariel. Je suis moi-même allée participer à une battue organisée par des bénévoles merveilleux qui viennent en aide à cette famille extraordinaire et laissez-moi vous dire que chercher un enfant de 10 ans dans des bacs de poubelles, c’est l’expérience la plus traumatisante que j’ai vécue de ma vie.
Déjà là, l’histoire est choquante, elle fait mal, elle nous traverse les pores de la peau et nous transperce le coeur. Et comme si c’était pas assez, des idiots ont fait des commentaires que jamais je n’aurais imaginé lire en 2018. Du racisme. Du racisme à l’état pur. Des commentaires que je ne vais pas citer, car les lire une fois, c’est une fois de trop.
Le mot «racisme» en 2018 ne devrait même plus faire partie de notre vocabulaire. Il me semble que, nous nous sommes assez battus pour avoir l’égalité dans tous les aspects de nos vies. Nous avons marché dans les rues pour avoir accès à l’éducation gratuite. Nos cousins français se sont battus pour faire autoriser les mariages pour homosexuels. Nos parents ont crié dans les rues pour l’égalité des hommes & des femmes sur leur lieu de travail. Nos grands-mères ont manifesté pour avoir le droit de vote. Nos arrières et arrières-arrières grand-parents se sont battus pour l’égalité des «races» et contre l’esclavage.
Le décret officiel contre l’esclavage fut signé en 1848. Il y a 170 ans de ça. 170 ans et aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on retourne dans le passé. Aujourd’hui, je lis des commentaires dégueulasses sur le net, concernant un enfant de 10 ans, bordel. 10 ans! Les parents du petit Ariel sont en train de vivre un drame épouvantable et pendant que 99% de la population essaie d’aider cette famille à garder espoir, le 1% restant s’acharne sur la couleur de peau de ce petit garçon. En fait, dégueulasse, c’est même pas le mot. Je ne vais pas me censurer ici. Alors si tu le crois nécessaire, arrête de me lire.
Ariel est un petit garçon. Un petit garçon noir, beau comme un coeur. Ses parents sont magnifiques, gentils, intelligents et ont la foi. La foi de retrouver sain et sauf leur bébé. Dans quel foutu monde ce petit garçon mérite-t-il de recevoir des commentaires aussi dégradants juste parce qu’il est noir? Sa couleur de peau ne change absolument rien au magnifique humain qu’il est. C’est un être humain – comme vous et comme moi. Est-ce que parce qu’il n’est pas comme toi, tu as le droit de faire des remarques aussi immorales sur lui? Roulement de tambour… NON!
Les gens ont tendance à croire que parce qu’ils sont derrière leur clavier d’ordinateur, ils peuvent dire n’importe quoi à n’importe qui. Les mots blessent. Même si tu les lis en ligne – ils blessent quand même. Quelques centaines de milliers de personnes ont vu ces commentaires. Des blancs certes, mais aussi des Noirs, des Arabes, des Hispaniques, etc. Comment pensez-vous que ces gens se sont sentis lorsqu’ils ont lu ces messages honteux? Le racisme en 2018, c’est NON. C’était non il y a 170 ans et ce sera non pour les 170 prochaines années aussi. Je n’ai jamais été autant choquée par la stupidité humaine qu’au moment où j’ai lu des mots d’aussi mauvais goût.
S’il faut que j’aille moi-même marcher dans les rues de nos villes pour crier haut et fort ces mots, je le ferai: Peu importe la couleur de ta peau, peu importe d’où tu viens et la façon et l’heure à laquelle tu pries – je m’en FOUS! Je m’en fous, et surtout, je t’aime comme ça. Je t’aime, parce que tu es différent. Parce que ma culture ne cesse de changer grâce à toi. Je t’aime, parce qu’à chaque jour j’apprends sur différentes origines autour de moi dans ma ville. Je t’aime dans ta diversité et surtout, je t’aime parce que si tout le monde était exactement comme moi – maudit que ça serait plate. Je t’aime parce que tu es Noir, Arabe, Asiatique ou Hispanique. J’aime quand tu me parles dans ta langue et quand tu me fais goûter à ta nourriture. J’aime quand tu m’apprends sur ta religion et quand tu me parles de tes coutumes. Je t’aime comme ça et il me semble qu’il serait bien que tout le monde s’aime comme ça. Qu’on s’aime tous – peu importe.
La vie m’apprend à chaque jour qu’aucun combat n’est complètement gagné. Mais je vais me battre pour ça, jusqu’à mon dernier souffle. Je vais me battre pour un petit garçon de 10 ans qui est merveilleux et ce, peu importe sa couleur de peau. Je vais me battre pour mes amis homosexuels, pour qu’un jour, partout à travers le monde, ils aient le droit d’unir leur amour par les liens sacrés du mariage. Je vais me battre pour qu’à la fin de la journée, personne ne vive plus jamais de jugements reliés à leur nationalité ou leur choix de vie. Je vais me battre, pour tous ceux et celles qui en ont besoin. Jamais vais-je arrêter de crier haut et fort que NOUS SOMMES TOUS ÉGAUX.
Je vous laisse sur une célèbre citation de Martin Luther King:
« I have a dream that my four little children will one day live in a nation where they will not be judged by the color of their skin but by the content of their character.«
J’te lâche pas, Martin.
M-E.
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