«Nonnn….Pacable moi» que je disais à mère déjà très jeune… même pas capable de dire le mot «capable» que je trouvais déjà le moyen de lui faire comprendre que je voulais m’organiser toute seule.
Je suis allée au cégep à temps plein avec un emploi au salaire minimum à 30 heures par semaine pour pouvoir me payer mes affaires, parce que je voulais être indépendante financièrement, pis parce que je voulais prouver que j’étais capable de réussir pis de faire ma vie.
J’voulais pas qu’on m’aide à faire mes devoirs, mais quand je ne comprenais pas facilement, je me frustrais à fond, car je devais me rendre à l’évidence que j’étais moins bonne dans quelque chose. Pis y’a eu beaucoup de «moins bonne en quelque chose».
J’voulais être bonne, pis belle, pis fine, pis capable.
Cette fameuse phrase à double tranchant, celle que tu prenais pour encourager quelqu’un, mais qui résonnait comme 3 tonnes de pression et de soucis de performance entre mes deux oreilles. Parce que je voulais qu’on soit fière de moi.
T’sais, l’espèce d’entêtement. Qui te fatigue des fois, pis qui te donne l’envie de tout lâcher parce que pour vrai des fois nos efforts ne mènent à rien. Pis c’est correct t’sais, ça arrive à tout le monde. Y’a des victoires pis des fois ben, ça avance juste pas. Pis là tu te rends comptes que toute seule tu n’y arriveras pas. Pis ça aussi c’est correct, mais c’est de l’admettre qui représente toute une paire de manches pour moi.
Alors dans c’temps-là, je me pose toujours la question… Elle est où la limite entre l’indépendance saine, et l’indépendance malsaine? Comme plusieurs aspects de ma vie, j’avoue avoir de la difficulté à trouver l’équilibre là-dedans aussi.
Les mots «j’ai besoin d’aide», en tout point, en toutes circonstances, sont des mots qui me grafignent l’œsophage à un tel point qu’ils n’atteignent que très rarement le bout de mes lèvres et qui mettent parfois du temps à atteindre l’oreille des autres. Ça reste coincé là, dans le fond de ma gorge qui se resserre pour empêcher ces jolis mots de faire leur sortie. C’est frustrant parfois, parce que je sais que c’est con de ne pas demander d’aide quand c’est l’temps.
Je le sais parce que le peu de fois dans ma vie où j’ai demandé un coup de main, on m’a aidée, on m’a écoutée, on m’a fait rire au bon moment et avec la bonne blague parfaite pour embellir tout ça. Alors je sais pertinemment qu’il ne faut jamais hésiter parce que ça m’a toujours apporté du bon, mais surtout du meilleur.
Mais malgré moi, il m’est parfois difficile de m’ouvrir pis de me dévoiler. C’est quelque chose de trop sensible et de fragile.
Pis c’est là que je me rends compte au fil du temps, que c’est important d’être bien entourée. Entourée par des personnes qui représentent le parfait mélange de drôle, de sérieux, de sensible, de relaxe, de discussions, de silences et de vrai. Ça me fait parler plus facilement. Mon entourage se tord de rire en ce moment parce que mon «parler plus facilement» est encore à travailler de mon côté. I Know peaple… I know!
L’indépendance psychologique lors de mes traversées en mer difficile sont une chose certes, mais il y a aussi l’indépendance financière, l’indépendance amicale, l’indépendance en couple.
Je n’ai pas de tendre moitié, tout simplement parce que je n’y crois pas. La personne avec qui tu partages TA vie te partage aussi la SIENNE. Pour moi, nous sommes 2 personnes à part entière qui choisissons de vivre une vie commune. Mais comme dans tout, y’a du bon, pis du moins bon. Bien que je n’ai pas BESOIN de lui, mais bien qu’on décide de PARTAGER nos vies, j’ai toujours mené ma barque en fonction qu’un jour, il ne sera peut-être plus là et que je devrai m’organiser toute seule. Ça peut avoir l’air froid parfois aux yeux des autres et je peux comprendre. Mais t’sais, qu’on se le dise, je ne suis pas du tout de la trempe «compte conjoint». Tu vois le portrait?
L’équilibre… faire ma funambule entre ne vouloir de personne, mais parfois avoir besoin d’être entourée. Mais t’Sais, on ne peut pas tout savoir, pis tout comprendre, pis tout améliorer d’un coup hein! Alors je travaille là-dessus!
Je terminerais ceci en disant cela : Si t’es comme moi pis que toi aussi tes «pacable», je veux juste te dire que des fois, on peut être capable en groupe. T’es moins raqué des jambes le lendemain, parce que ta boule d’angoisse, tu l’as poussée avec quelqu’un la veille au lieu de la pousser tout seul dans le fond du fossé.
Pis qu’on se le dise, trinquer tout seul… c’est plate en maudit!
MB.
Source photo: Miryam Bourget