Champagne & Confetti

Je ne me souvenais pas…

Vous savez, on dit que les évènements heureux compensent le malaise et la souffrance qui les précèdent. Ils nos font oublier tout ce par quoi on est passé avant. En effet, des périodes marquantes tombent dans les limbes de notre mémoire jusqu’à ce qu’on revive semblable situation.

Pour ma part, l’arrivée de mon enfant avait complètement effacé à quel point j’ai détesté être enceinte… jusqu’à ma deuxième grossesse. C’est plutôt tabou, ce sujet. Les femmes enceintes parlent généralement d’un état de béatitude et de connexion avec soi-même hors du commun, à quel point elles se sentent en phase, désirables au plus haut point et sûre d’elles… Mais ce n’était pas mon cas, il y a quelques années, pas moi… Et c’est du bout des lèvres que je le dis et avec un certain malaise que je l’écris…

J’avais tellement honte de ne pas me sentir au top comme toutes les futures mamans, pendant les 8 premiers mois de leur grossesse. Je n’ai pas aimé ma première grossesse, avoir l’impression de ne rien contrôler, particulièrement mon corps. Je me suis sentie dépossédée de moi-même et comme une attraction que tout le monde pouvait toucher. Mais c’est quoi, cette histoire de vouloir toucher le ventre des femmes enceintes ? C’est si intrusif, agressant! Le corps de la femme est encore le sien, même si elle porte la vie! Chaque fois que quelqu’un mettait ses mains sur mon ventre, les poings me serraient et j’avisais d’éviter de me toucher. Personne ne comprenait, on me présentait des excuses pour finalement recommencer quelques minutes plus tard dans la même conversation…

Bref, je me suis sentie comme un objet auquel chacun pouvait manquer de respect, sous prétexte que j’attendais un bébé. Et le manque de respect venait également de certaines personnes plus près de moi, qui refusaient de respecter les décisions prises avec le papa, et frôlaient l’insulte en achetant des cadeaux allant complètement à l’encontre de nos valeurs, qui étaient dites, répétées maintes et maintes fois et pourtant connues.

Je me suis rappelé aussi tous les conseils non sollicités, émis par des gens que j’espérais bien intentionnés, jusqu’à ce qu’ils fassent complètement le contraire de ce que je voulais… Le genre de personne qui refuse de comprendre que les conseils maternels datant d’avant l’arrivée du Mieux vivre étaient fort probablement désuets, et possiblement dangereux!

J’ai encore le souvenir de ce que j’avais comme opinion sur moi-même, à quel point je me trouvais laide, gigantesque et indésirable. Et l’homme avec qui j’étais à l’époque était grandement responsable de ces sentiments. À force de ne recevoir aucune marque d’attention sous prétexte d’un blocage face à la grossesse, c’est assez difficile de voir la situation positivement…

Et maintenant, enceinte de mon deuxième, j’ai peur de revivre tout ça. J’ai peur d’encore détester être enceinte, même si plus rien n’est pareil maintenant. J’ai honte encore, en me disant que je connais des femmes qui feraient tout pour vivre une grossesse, et que moi, je n’apprécierai peut-être pas plus celle-ci que la précédente… Je voudrais continuer à me sentir comme une femme, une mère, une amoureuse, et pas seulement comme une femme enceinte.

Pour l’instant, j’arrive encore à me sentir bien avec cette seconde grossesse et ne pas trop détester ce corps que je reconnais de moins en moins. Et j’espère réellement mieux vivre cette deuxième expérience de la grossesse. Toutefois, je sais que la naissance de mon plus jeune, comme celle de mon plus vieux, me fera complètement oublier tout le malaise que j’aurai vécu, et ces mauvais souvenirs de sensations négatives se retrouveront dans les limbes de ma mémoire, une fois de plus.

 

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Anonyme.

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