Champagne & Confetti

Au bord du burn-out

Je suis éducatrice spécialisée… je sais c’est quoi la dépression… Pourtant, aujourd’hui, je suis à bout de souffle et je ne l’ai pas vu venir.

Je me croyais à l’abri du danger puisqu’on apprend de nos expériences. La dépression, la noirceur, l’anorexie, j’ai déjà connu tout ça. J’ai toujours réussi à surmonter les montagnes. Par moi-même. Alors je savais comment éviter les obstacles. Non? Eh non… Puisqu’il n’y a pas de liste à cocher, pas d’éléments déclencheurs fixes, qui te disent que oui ou non, t’es en train de tomber dans le fond du baril.

J’ai beau lire et relire mes livres de psycho, essayer de me diagnostiquer quelque chose, me faire un plan d’intervention. Là là, à matin, j’y arrive pus. Te rendre là est souvent vu comme un échec. Mais quand t’es dans le domaine, j’ai l’impression que c’est encore pire. Revoir la psy, qui va me faire des reformulations, des relations d’aide..Ouf! Quand tu réalises vers où ça s’en va, t’as l’envie d’arrêter là et de te sauver.

Je suis reconnue comme la grande sauveuse. Celle qui veut que tout le monde autour soit satisfait. Celle qui veut aider tout le monde, celle qui veut le bonheur du monde. Aujourd’hui, ça me tente pus. Hier, j’ai donné la dernière goutte qui me restait à partager. Aujourd’hui, j’arrive même pus à m’aider moi-même. Je l’ai pus cette énergie. Ça fait 5 ans que je me laisse de côté au profit des autres et aujourd’hui, quand j’en aurais besoin… j’ai pus de force.

J’ai 25 ans. J’aime ma vie; pis je ne l’aime pas. C’est là que je rush. Essayer de changer… mais quoi?

Un cercle vicieux, la vie. Je suis assise dans ma cuisine et je regarde autour. De 1, c’est le bordel, mais ça me tente pus pantoute de faire du ménage. Mais mon point 2: j’aurais tellement envie de la rénover cette cuisine-là. Ça me motiverait! Mais pour ça, y faut de l’argent. Faque je travaille. Parfois des 12h par jour. Entre 40 et 50h par semaine. Et même en vacances, j’ai mon laptop. J’apaise les feux. Je tente d’aider tout le monde du mieux que je peux, mais y’a certaines décisions qui ne m’appartiennent pas. Je ne suis pas la boss. Je suis directrice. Quand les problèmes sont là, que je pourrais avoir une solution, mais que je n’ai pas le droit de prendre cette décision… j’écope, en double, en triple. Un mois d’efforts, une année d’efforts, qui peuvent s’effondrer le temps d’une journée. Alors je reviens chez nous, en pleurs, pis je me dis que je vais tout sacrer ça là, pour le peu de futur que ça peut m’amener. Puis je regarde ma cuisine que je veux rénover…

Ça m’effraie quand je me dis que la vie est ainsi. À quoi bon? Je suis là, au bord des larmes, mais je ne réussis pas à mettre le doigt sur le bobo. Je suis heureuse! Mais j’ai un mal en-dedans que je ne réussis pas à déchiffrer. Et c’est là que mon rôle de TES me dit: ben c’est ça, une dépression. Mais ça serait tellement plus facile d’avoir une raison, savoir quoi travailler!

Y’en a-t-il, parmi vous, tout comme moi, qui sentez ce vide sans trop savoir pourquoi? Quels sont vos moyens pour vous épanouir…?!

 

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R.

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