Tout d’abord, je tiens à dire qu’il s’agit d’un choix personnel et que ce récit est mon aventure à travers le monde de la faim, je ne tente pas d’inciter qui que ce soit. Je fais des jeûnes intermittents depuis quelques mois, cela veut dire que je m’abstiens de manger durant 16 heures et que je m’alimente durant 8 heures. Horrible, dites-vous?! En fait, cela veut seulement dire que je termine mon repas à 18 heures et que je mange de nouveau le lendemain matin à 10 heures. Personnellement, j’aime bien cela, car ça permet à mon corps de bien digérer, d’avoir le temps de se nettoyer et de ne pas être en surcharge.
La vraie aventure a commencé lorsque j’ai décidé de faire un jeûne de 60 heures (qui a finalement duré 63 heures). J’avais lu plusieurs livres et articles sur le sujet, les études faisaient état de nombreux bénéfices. Mais telle une Batman, j’avais besoin de mon Robin, car je n’étais pas super confiante de réussir la mission. Mon chum a donc décidé de le faire avec moi. Il est à noter que nous suivons la diète (j’haïs ce mot, car pour moi c’est un mode de vie) cétogène depuis plusieurs mois et que les jeûnes intermittents font partie du quotidien. Pourtant, je me sentais encore comme une Pee-Wee face à ce marathon de 60 heures.
J’avais raison. J’étais pas équipée, je savais pas à quoi m’attendre. Si une fille se présentait à un Iron Man en talons hauts pis en robe à crinoline, on verrait vite qu’elle ne sait pas dans quoi elle s’embarque. La première journée a été atroce à partir du dîner. Je comptais les heures avant d’aller me coucher. Pis t’sais boire de l’eau, c’est bien beau, mais à un moment donné, tu as le goût d’autre chose.
J’essaye de m’occuper, je vais sur Facebook; c’est juste de la bouffe!!! Je commence à saliver comme un chien devant une recette de courge spaghetti et le pire c’est que j’haïs le spaghetti. Je sens que ma santé mentale s’effrite quand je décide de boire avec une cuillère pour faire semblant de manger. En soirée, je m’auto-diagnostique une famine en phase terminale. Inutile d’appeler l’ambulance, il ne me reste que quelques heures à vivre. Mon Robin me rappelle à la raison, je ne peux le laisser seul dans ce monde cruel.
Le deuxième jour, on a décidé qu’on était très occupés. On a fait plein de commissions, en évitant les épiceries, on est même allés au cinéma. L’odeur du popcorn au beurre?! J’ai failli vomir tellement ça sentait fort, la fille derrière le comptoir a dû se lâcher lousse sur le jet de faux beurre 2 secondes avant qu’on entre. Donc, j’avais pas le goût d’en manger, étrangement. En soirée, j’ai dû me faire à moi-même une prise de judo pour ne pas succomber en allant dans le garde-manger pour ranger un pot. Le beurre de peanut rayonnait, je ne l’avais jamais vu aussi attrayant. Ma tête me criait de sortir de là, car c’était un move de dinde de me tenter de la sorte. D’un autre côté, mon ventre hurlait. J’ai couru ma vie jusqu’au gym. Je me suis entraînée comme si j’allais aux Olympiques, j’avais une super énergie. Hercule ou moi, personne aurait pu faire la différence. J’étais en feu!
Le lendemain matin, j’ai compté les secondes avant que mon Robin arrive, qu’on se tape dans la main comme des champions et qu’on célèbre notre victoire de 60 heures avec un super repas. Mais il a eu un imprévu donc j’ai dû attendre. 3 heures interminables. J’ai failli re-mourir, mais je me suis dit que ça faisait sûrement mal mourir et que j’avais pas le goût d’avoir mal, j’avais le goût de manger.
J’ai mangé. C’est merveilleux manger. Y’avait des feux d’artifices dans ma bouche et des arc-en-ciels dans ma bédaine. Le jeûne m’a rappelé l’importance de savourer, de se délecter des aliments. Il m’a aussi permis de faire le grand ménage interne, de donner le temps à mon corps de sortir la cochonnerie et de partir en neuf. Bref, je ne regrette rien, mais je ne recommencerais pas demain.
P.S. Robin va bien, il s’en est sorti comme un héros, lui. Il n’a même pas frôlé la mort, lui…
S.-M.
Source photo: Unsplash