On entend souvent dire dans notre société : « …Mais tu n’as pas à supporter cette lourdeur, tu n’as pas à rester. »
Je me rappelle combien je me sentais lourde et un déchet auprès de mon ex lorsque j’étais en dépression, malade et pas encore soignée. Je me rappelle à quel point la tension était palpable autour de lui. Je sentais que ses proches me voyaient comme une nuisance qui le « retardait » dans sa vie.
Puis, quand mon père a mal été, qu’il me disait qu’il préférait mourir plutôt que décevoir encore plus les gens, et que j’ai dû annuler ma session d’université car c’était devenu émotivement trop prenant d’écouter mon père… Je me rappelle les gens autour de moi me disaient : « …Mais là, c’est trop intense, c’est lourd, tu ne peux pas laisser tout ça prendre le dessus sur ta propre vie, tes propres projets. »
Mais si ce n’est pas moi? Qui le fera?
Je comprends que dans la société dans laquelle nous vivons, il est important de prioriser notre réalisation de soi et notre propre bienêtre.
(…) En fait, non je ne comprends pas. Au final, si je n’avais pas été là, qui serait resté?
Lorsque ma dépression est devenue trop intense et que je suis devenue trop lourde, mon ex est parti. Il m’a laissée. Pendant des années, je lui en ai voulu. Pas pour la séparation en tant que telle, qui devait arriver un jour ou l’autre, mais pour ne pas être resté au moment où j’avais besoin d’un ami. D’une personne.
Tout aurait pu se régler à l’époque. Il aurait pu m’accompagner à l’hôpital. J’aurais fini par être médicamentée, mais je n’avais pas la force d’y aller seule. On était en novembre 2011. Il n’est pas resté. Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas grave, car chaque chose a sa raison d’être.
Évidemment, l’histoire ne s’arrête pas là. J’ai continué à mal aller. En up et down jusqu’à ce que cette personne m’accompagne en janvier 2015. De 2013 à 2015, il aurait pu partir. Mais cette personne est restée. L’homme que j’ai épousé en août 2015.
Mais ma réelle question est : si ça n’avait pas été lui, qui serait resté? Si je n’avais pas été là pour mon père à l’automne 2014, qui serait resté?
Mon mari m’a dit quelque chose qui m’a marquée aujourd’hui : « Ça m’a pris du temps à comprendre, mais un jour, j’ai réalisé que tout le monde pouvait partir et ignorer, mais que toi tu serais toujours là, prise avec le même problème, la même douleur. »
Mais cette douleur aujourd’hui n’est plus. Car une personne est restée, m’a accompagnée à l’hôpital et a tenu ma main vers le chemin de la médication.
Je comprends qu’on ne peut pas arrêter de vivre pour quelqu’un. Je comprends qu’on ne peut pas être nous-même entraînés dans la noirceur pour quelqu’un. Je comprends qu’on ne peut pas aider quelqu’un qui ne veut pas s’aider. Mais si quelqu’un demande de l’aide, si quelqu’un n’a pas la force d’aller jusqu’au bout seul(e), il lui faudra une main un jour ou l’autre.
Sois cette main pour quelqu’un lorsque tu seras assez fort pour l’être. Sois la personne qui reste lorsque la situation se présentera et si tu te sens apte. Car si tout le monde part, à la fin il ne restera plus personne.
Same.
Très beau – et si sensible – bises