Comme Vigneault l’a si bien dit avant moi: «Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver». Évidemment, contrairement à moi, il avait adopté un ton optimiste et musical et moi, eh bien moi, je me plains.
Je me plains du vent, de la neige, du verglas, du froid et de ces chiffres suivants un joli signe de négation qui augmentent sans cesse, de manière inversement proportionnelle au mercure sur le thermomètre qui lui, décroît, incrédule face à la situation. Lui qui se moque de moi à tous les jours pendant 182 jours. Cette ligne rouge qui, symbolisant mon karma inévitable, me relance en pleine figure mes propres paroles de la saison estivale où j’osais critiquer cette chaleur accablante qui me servait d’ombre. Ombre que j’ai tenté d’éviter plutôt que d’apprivoiser, en sachant très bien ce qui m’attendait de l’autre côté de ces mois aux longues journées illuminées et reposantes.
Malgré le fait que l’hiver et ses paysages enneigés renvoient certains individus à des scènes de «classiques» cinématographiques telles que La Ruée vers l’or de Chaplin, moi, ils me rappellent Bill Murray et le Jour de la marmotte. Certes, le concept de devoir vivre le même quotidien de façon répétitive a un certain air de famille avec mes expériences hivernales antécédentes. Par contre, personnellement, je m’associe davantage au personnage de la marmotte. Oui, je fais preuve d’anthropomorphisme, mais je le fais de manière relativement rationnelle car cette marmotte, c’est moi. Voyez-vous, la marmotte se doit de sortir de sa position fœtus. Si elle sort et n’aperçoit pas son ombre, c’est la fin de cette saison immonde. Par contre, si elle sort et fait face à son ombre, elle retourne sur ses pas, effrayée et dans le regret, jusqu’à ce qu’un petit bonus saisonnier de six semaines s’ensuive.
En résumé, je ne suis pas mieux qu’une marmotte. Je suis ce qu’on appelle une bipolaire saisonnière. L’hiver est pour moi l’antonyme de toutes ces belles qualités qui me définissent durant le reste de l’année, mais il est aussi synonyme de la maison de glace dans Le Docteur Jivago.
Lorsque je sors le bout du nez d’en-dessous de ma couette et que je vois ce tapis blanc et froid, je me retrouve dans Le choix de Sophie: dois-je affronter ce cadeau grotesque de Mère Nature ou puis-je, à mon tour, apercevoir mon ombre et hiberner pour les 182 jours qui restent?
Gmz.
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