Enfant, j’ai fait plusieurs écoles primaires. Adolescente, de par mes nombreuses activités parascolaires, j’ai côtoyé plusieurs groupes de personnes tous aussi différents les uns que les autres. Au début de ma vie d’adulte, je n’ai pas suivi mes amis pour un cégep commun. Je suis partie à l’autre bout, pour recommencer à zéro. Deux programmes scolaires, deux cégeps différents. J’ai aussi changé de ville pour rejoindre mon Lui.
Au travail, je suis dans la même compagnie depuis 8 ans, mais j’ai changé d’entité et d’équipe souvent. En plus de ça, tous les projets sur lesquels je travaille sont en quelque sorte nouveaux. Bien que plusieurs visages familiers suivent, plusieurs nouvelles personnes s’ajoutent à chaque fois.
Recommencer. J’y suis habituée. La rencontre de nouvelles personnes dans des contextes différents ce n’est rien de nouveau, rien de déstabilisant et rien d’insécurisant. En fait, j’ai toujours trouvé ça excitant.
Les derniers congés, très rares soient-ils, ont été révélateurs sur plusieurs plans. Ce constat percutant et réaliste est au rendez-vous : je suis passagère.
Pas passagère, assise dans un char qui se met les deux pieds su’l dash, mais plutôt passagère dans la vie de bien des gens. Je suis pour plusieurs cette fille qui est apparue, soudainement dans ta vie et qui s’est effacée au fil du temps. Avec ou sans raisons, consciemment ou pas.
Je suis la fille sur tes photos du primaire. Tu sais, celle dont tu ne te souviens pas particulièrement du nom et avec qui tu n’as que quelques souvenirs incomplets et flous.
«C’est qui elle déjà?!». Elle, c’est souvent moi.
J’ai consacré beaucoup d’énergie dans ma vie pour être présente de corps, d’esprit, jour et nuit. Pour toute t’sais… la famille, les amis, le travail, le conjoint. Mais force est de constater que je n’y arrive pas particulièrement. Je me rends compte que je suis incapable de doser équitablement toutes ces affaires là et d’en faire quelque chose qui dure, alors j’en perds des bouts et/ou je pars à la dérive sans m’en rendre compte.
Au primaire, tu sais pas trop comment garder contact avec tes amis de ton ancienne école. La fin du secondaire, j’ai vu ça comme un renouveau. Quand j’ai changé de ville, je me suis dit : nouveau départ, nouvelle vie.
Je serai probablement passagère toute ma vie. Pis j’apprends à être correcte avec ça. Ces liens que l’on crée au fil du temps, je ne sais pas comment faire pour que ça dure jusqu’à la fin de ma vie. T’sais, comme dans les vues!
Je jongle avec 46 affaires pis je sais que c’est trop. Je sais que ça fait que je néglige des affaires. Que voulez-vous, je sais pas comment faire autrement.
Passagère, comme une croisée de chemins. Celle que tu rencontres souvent de façon aléatoire, celle avec qui tu vis des affaires intenses pendant plusieurs mois, quelques années tout au plus. Pis après, la vie suit son cours pis les chemins se reséparent, y faut croire.
Être passagère, c’est rencontrer plein de gens inspirants, qui ont de la drive, qui ont tous des buts différents, qui avancent. C’est de grandir à travers tout ça, alors c’est positif en même temps.
Ce qui n’est jamais clair, c’est la date butoir de tout ça. Parce qu’il y en a toujours une pour les passagers comme moi. C’est un deuil à faire à toutes les fois. Parfois par choix, parfois par la force des choses et parfois par simple constat de l’état présent.
Passagère comme temporaire. En même temps, n’est-ce pas ça le principe de la vie? Rien ne dure pour toujours?
MB.
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