Avril 1999, une douce brise souffle sur terre. Du ciel descend une éblouissante lumière, lueur d’espoir pour lui, car c’est signe de délivrance, délivrance de cette souffrance qui le hante. Son cœur veut rester, mais son âme, fatiguée de se battre, désire être enfin libérée.
Blotti dans ses draps, incapable de penser à autre chose qu’à lui. Celui qu’elle a aimé depuis le tout premier instant. Celui qui l’a rendue heureuse, qui a partagé ses joies, ses fous rires et ses mélancolies. Celui qui lui a donné leurs deux beaux enfants, mais qui hélas a fini sa route. La vie ne lui a pas souri. Il se bat contre la maladie, pour continuer à vivre, pour être à tes côtés un peu plus longtemps. Car bien malgré le mal qui le hante, l’amour lui donne la force de s’accrocher.
Elle s’en veut d’être incapable de se faire à l’idée, de n’être pas prête à lui dire au revoir.
On n’est jamais prêt à laisser partir ceux qu’on aime… Elle s’en veut d’être tout simplement incapable de le voir ainsi et de ne rien pouvoir faire pour le sauver. Mais cesse de t’en faire, il a compris, votre amour n’est guère éphémère. Il voudrait rester, mais son heure a sonné.
La sonnerie du téléphone se fait entendre, porteuse de mauvaise nouvelle. Avec hésitation, elle répond; dès les premiers mots elle s’effondre. Il a fini, fini de souffrir. Il est parti, guidé par la lueur. Elle éclate en sanglots rien qu’à l’idée…
Noyée d’incompréhension, de culpabilité et de nostalgie, à la fois. Elle doit faire face à cette dure réalité. Il sera mieux ainsi, elle le sait, mais oh mon dieu qu’elle n’est pas prête à vivre sans lui. À présent, il n’est plus là pour la réconforter. Elle a peur de ce qui l’attend, élever seule leurs deux jeunes enfants, mais elle est forte et courageuse, il le sait. Il avait confiance en elle et malgré l’incomparable chagrin auquel elle fait face, elle sait au fond de son cœur qu’il restera toujours près d’eux.
Dans la vie, les malheurs sont impossibles à éviter, mais il faut garder les bons souvenirs de l’être aimé. Continuer d’avancer en croyant dur comme fer qu’un jour nous serons réunis à nouveau, c’est ce à quoi je me suis s’accrochée. Me disant qu’en attendant, il veille sur nous me réconforte. Nous l’aimons d’un amour indestructible. Ni le temps, ni le manque, ni rien au monde ne briseront cet amour ou ne l’effaceront de nos mémoires. Fais-nous une place là-haut, près de toi. Car un beau jour, quand nos vies seront accomplies, nous viendrons à notre tour, laissant derrière nous des gens qu’on aura aimé nous aussi.
J’espère que d’où tu es à présent, tu es fier de nous, de ce que nous devenons. Celle que tu as tant aimée est une mère merveilleuse, tout à fait hors pair, tu n’aurais pas pu mieux la choisir. Elle a fait preuve d’un courage, d’une force et d’une détermination extraordinaires, elle est source d’inspiration. Ce fils qu’elle a mis au monde est ton portrait tout craché. Il grandit trop vite, il devient un homme adorable, avec un cœur en or. Et que dire de moi… mis à part que je pense sans cesse à toi.
Ta présence manque à ma vie, tu n’as même pas idée comme j’aimerais que tu sois encore là. Je sais que tu guides mes pas au gré du temps. Je garde en mémoire les précieux moments passés à tes côtés, de merveilleux souvenirs de l’homme extraordinaire que tu étais.
Malgré les années qui s’écoulent depuis ton départ, tu resteras gravé dans nos pensées. Car l’amour qui unit une famille est un trésor qui n’a pas de prix. Sois sûr et certain que mes enfants sauront qui tu étais et à quel point vous êtes des parents extraordinaires. Je leur transmettrai les valeurs que vous m’avez inculquées. Vous êtes les meilleurs parents que des enfants puissent espérer avoir, alors il sera difficile de vous surpasser, mais je suivrai votre exemple. Je leur montrerai à suivre leur cœur, à aller au bout de leur rêves et surtout à ne jamais t’oublier.
La famille est tout ce qu’il y a de plus précieux. On se serre les coudes et traverse les épreuves tous ensemble. Remplis d’amour, toujours solidaires. On tente de réapprendre à être heureux depuis ton départ, car on sait que c’est ce que tu voudrais pour nous, mais quand on perd un être cher, on descend si bas qu’il est difficile de concevoir qu’un jour on pourra sourire à nouveau.
Le deuil est une terrible épreuve à laquelle nul n’est préparé. Qui vous fait sentir dépossédé et anéanti. Tant de questions sans réponses. J’en ai voulu à la vie de ne pas m’avoir prise moi et épargné mon père. Il était si jeune, plein de vie et plein d’amour. Le cancer, le maudit cancer m’a volé mon père! On se dit qu’avec le temps ça va passer, pour se consoler, mais le temps n’efface jamais la douleur, il ne fait que l’atténuer.
Son départ m’a plongée dans une profonde mélancolie, qui encore aujourd’hui s’attache à mon cœur. J’ai réalisé que la vie est trop courte, que l’on a une chance inouïe d’être encore en vie et qu’on ne sait jamais quand ça va s’arrêter. C’est pourquoi il faut foncer, aller au bout de ses ambitions, surmonter ses peurs, ne jamais dire « jamais ». Profiter pleinement de chaque instant, pour tous ceux et celles qui nous ont quittés trop tôt.
À la mémoire de mon père et de toutes les victimes du cancer, votre force est une source d’inspiration exemplaire.
J.D