Ici: c’est chez moi. Là où j’ai mon petit nid douillet, mon chum, mes amies.
Là-bas: c’est où je travaille. De soir, de fin de semaine, par séquence de 2 ou 8 ou 16 jours et ce, à 3 heures de mon Ici.
Entre Ici et Là-bas. Il se passe plein de choses, mais rien en même temps.
Depuis que je suis entre Ici et Là-bas, je me rends compte que ma vie a changé. Pis par moments, je me sens vide.
Vide.
Un vide que j’ai envie de remplir sans trop savoir comment. Comme un appétit qui ne passe pas.
Présente par mon absence.
Parce que je manque plein de choses et que je ne peux pas être là souvent.
Absente pendant mes présences.
Une dualité entre vouloir faire tout plein d’activités et vouloir me mettre en boule dans mon sofa collée à ma moitié et ne pas sortir pendant des jours.
Parce que quand je participe à une activité, je me sens déconnectée. Je suis là, à réaliser que j’ai manqué ci, que j’ai manqué ça. Rien de majeur, mais suffisamment pour me sentir détachée.
Parce que j’ai une anecdote à raconter, mais hors contexte… c’est tellement pas drôle. Alors Là-bas, je vis des choses difficilement explicables Ici. Et ma vie d’Ici est inconnue de ces personnes Là-bas.
Personne n’est à blâmer; ni eux, ni lui, ni moi. Personne n’exclut personne. Tout le monde est là. C’est une question de composer avec mes choix de vie… cette faim de remplir mes journées.
Par moments, mes choix me remettent la réalité en pleine face et je trouve ça difficile.
Une partie de ma vie est dans une valise entre deux paires de jeans, un savon et une brosse à dents, là, dans le coin de la chambre à me rappeler que je dois y retourner sous peu et l’autre partie dans mon chez moi qui attend de recevoir de l’amour.
Un sentiment de culpabilité d’être toujours « à moitié là » qui s’impose et qui prend toute la place.
J’ai malgré tout, la chance de ne jamais avoir reçu de reproches. J’aime penser que je suis bien entourée et que ces personnes sont suffisamment compréhensives pour accepter mon quotidien. Celui que je leur impose.
J’impose mon absence, ma fatigue, mes piles de vêtements à laver, mon manque de participation à toutes les tâches du quotidien, mon horaire planifié au quart de tour parce que je veux tout faire. Je vous impose ça et vous ne dites rien.
Et pour ça, entre mon Ici et mon Là-bas, je vous en serai pour toujours reconnaissante.
Merci d’être là, entre mes 2 rives.
MB.
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