La fois où je me suis presque défigurée parce que mon ex se marie.
Selon moi, le bonheur c’est surévalué. C’est devenu un trend. On poursuit le bonheur comme des lévriers courent à en crever après de faux lapins en Floride.
Et nous notre faux lapin c’est le bonheur. Y a qu’à regarder la quantité d’entreprises qui nous vendent la façon d’être heureux et la montée en flèche des coachs de vie pour se rendre compte que le bonheur c’est payant en 2019.
Le bonheur c’est payant parce qu’on croit que c’est quelque chose qu’on doit se donner les moyens d’obtenir, comme une putain d’assurance vie, comme un filet de sécurité.
Mais le bonheur c’est un état. Pas une image sur Instragram enjolivée par du fauxself pis un filtre sur snapseed. Ce n’est pas non plus un outfit et une déco trouvés sur Pinterest.
En 2019, le bonheur est un filtre. Qu’on se garoche en plein fil d’actualité question d’être nous aussi dans la game du bonheur publié, en se déprimant tous et chacun par la comparaison de nos vies ordinaires, extraordinaires.
Et j’ai compris quelque chose hier…
Le bonheur là, c’est un fucking fishnet!
Hier, je me suis brûlée au premier degré, je sors d’ailleurs de chez mon médecin, je devrais pouvoir être vue en public d’ici quelques semaines. J’ai été chanceuse, j’ai eu le réflexe de me tourner le visage quand l’huile d’olive brûlante m’a explosé en pleine gueule.
Histoire ridicule qui reflète encore une fois ma vie amoureuse catastrophique. Je cuisinais un sauté, quand on m’apprend que mon ex allait se marier. Mais pas n’importe quel ex. MON EX. Celui que j’ai le plus aimé de ma vie. L’homme que je croyais être celui avec qui je passerais ma vie avant qu’il ne me largue à une semaine de ma fête, le lendemain que notre chat se soit fait écraser. Son amour était mort avec le chat au coin de la rue. Shit happens. Alors voilà, effet de surprise! Je me fais exploser 154 litres d’huile d’olive brûlante en pleine poire.
MON EXISTENCE EST RIDICULE, JE SUIS AU COURANT!
Premier réflexe, je me fous en soutif et regarde l’horreur de la situation… Merde, je suis fichue! C’est un cas de burkini pour les 2 prochaines années minimum.
Deuxième réflexe, mon ami italien. Mon filet de sécurité. Évidemment, il tombe en mode premier répondant pour m’aider à gérer la situation cutanée. Ensuite, il se fout de ma gueule dès que je débute une légendaire envolée lyrique à propos du burkini, des cols roulés bruns et de ma potentielle incapacité à reporter mon super top plongeant Banana Republic un jour. Ça dépasse ses compétences t’sais.
Je décide de gérer la situation comme une grande personne, toujours mon rital ami au phone, en allant m’acheter un shitload de crème glacée Hägen Daz. Je suis un être humain mature.
Remarde. Mon char ne part pas. Je suis assise dedans, complètement morte par en-dedans, avec un taré au phone qui se pisse dessus en me disant que ma vie n’existe pas pour vrai. Je suis sa joke préf.
Je braille presque, brûlée as fuck du menton à la craque de boules, sans crème glacée. Et je me mets à rire. Comme la plus conne des épaisses. Et je pars mon char.
J’ajoute un coco Cadbury à ma liste qui comprend maintenant deux items.
On rit comme des cons. Je l’aime tellement.
Et j’arrête ensuite à la boîte postale t’sais, tout d’un coup que je recevrais encore une marde dans ma journée, au moins tout aurait été condensé dans les mêmes deux heures. Parce que c’est connu, la vie condense sa marde en container.
Dans ma boîte postale, un chèque et un colis. From Rachel / Le Coffret de Rachel m’avait envoyé ma première surprise.
Deux petites choses toutes simples qui mettaient fin à la catastrophe. Bonheur de déballer le tout la bouche pleine de trucs cancérigènes en entendant ce rire au bout du fil, ce rire.
C’est juste ça le bonheur. C’est un fucking fishnet. Un collant italien plein de trous.
C’est un fil d’événements et de petites choses qui entourent le vide. Les moments de néant. Des petites choses qui, prises individuellement ont l’air de rien, mais qu’attachées ensemble donnent un résultat plutôt joli.
Le bonheur c’est rire avec quelqu’un que t’aimes, c’est un top qui te fait des belles boules, c’est les cocos Cadbury, c’est la crème glacée, c’est déballer un colis, c’est écrire, c’est chanter dans ton char, c’est avoir l’Italie qui te colle à la peau, c’est ton doc qui te dit que tu vas t’en remettre sans le burkini et les cols roulés bruns.
Le bonheur c’est le fucking fishnet qui dessine ta vie, sans filtre.
Catherine Parent, collaboratrice ponctuelle
Crédit photo: Catherine Parent