En rentrant chez moi ce soir-là, j’ai jeté ta brosse à dents, caché ton savon et je t’ai écrit une lettre d’adieu. Je devais le faire là, maintenant, pendant que ça brûlait encore à l’intérieur. Il fallait le faire avant que la solitude me prenne et que je te reprenne. Je devais l’écrire, parce que comme ça, je ne pouvais plus revenir en arrière. Si c’est écrit, c’est que c’est vrai.
Ce soir-là, je suis allée te rejoindre chez toi. Et Elle. Parce qu’elle était bien présente dans chacune des pièces de l’appartement. J’avais accepté de vivre avec elle depuis longtemps. Ça faisait partie du deal. Parfois, je la voyais passer dans tes yeux, dans tes caresses, tes moments de tendresse qui lui étaient toujours un peu dédiés. J’avais appris à vivre avec son fantôme.
Ce soir-là, j’avais des choses à te dire, un but précis. Une énième tentative de te laisser derrière moi et de passer à autre chose. Je savais que ce ne serait pas facile. Que quand tu es là, je perds toute logique et que je n’arriverais pas à m’en tenir à ce que j’avais décidé, à me respecter. Je savais que tu voudrais me retenir. Que dans un élan égoïste de ne pas me blesser, de ne pas me perdre, tu doublerais d’efforts pour me rattraper.
Et c’est dans cette discussion fastidieuse que tu m’as annoncé tout bonnement qu’il y avait eu une autre fille. Que tu avais le droit anyway, qu’on ne s’était rien promis. Évidement que tu avais le droit, mais j’avais osé espérer que tu n’en aurais pas envie. Comme je n’avais pas envie de personne d’autre. Je croyais vraiment m’être assurée de te combler afin que ça n’arrive pas.
Tu as été honnête ce soir-là, ça on ne peut pas te l’enlever. De cette fille, à la douleur que tu éprouves encore face à ta rupture, en passant par tes non-sentiments pour moi. Tout a été dit. J’ai pleuré, j’ai souri, je t’ai embrassé, je me suis jeté sur toi et je suis repartie. Je devais me sauver pour ne pas retomber. Pour ne pas te laisser gagner mon cœur à nouveau. Partir avec ma peine et l’entretenir pour être sûre de ne plus revenir.
Les jours suivants, j’ai douté, j’ai regretté. Je me suis félicitée de t’avoir quitté et j’ai cherché des excuses pour te contacter. Je me suis battue contre moi-même quand tu m’as réécrit et j’ai encore pleuré quand je t’ai dit d’arrêter. Dans les sept derniers mois, j’ai changé d’idée des milliers de fois sur nous deux. J’ai voulu y croire, continuer et espérer que tu tomberais amoureux. J’y ai cru, vraiment, profondément. J’ai été patiente, résiliente, aimante. J’ai cru qu’un jour, tu guérirais et que ce serait mon tour. J’ai cru que «Nous», ça se pouvait, mais votre histoire était trop triste pour que la nôtre existe.
Dans les moments de découragement, j’ai tenté de te quitter, mais chaque fois, tu as trouvé les mots pour me garder. Pour que la flamme brûle un peu plus. Mais après la discussion de ce soir-là, j’ai décidé d’éteindre moi-même le feu. Ne te trompe pas. J’espère encore te voir arriver dans mon lit au milieu de la nuit et me serrer contre toi. Je me retiens encore de t’appeler quand ça ne va pas ou quand ça va trop bien. Il n’y a rien de facile dans le fait de se choisir.
J’ai choisi d’être heureuse plutôt que de rester auprès de celui que j’aime et qui en aime une autre. C’est ainsi que se termine mon histoire d’amour inassouvie avec le barman. Celui que j’ai aimé au premier regard. Celui que j’ai tant voulu appeler mon chum. J’étais amoureuse, mais lui m’aimait bien. C’est une page de ma vie qui se tourne, mais jamais je n’oublierai cette si belle personne qui n’était tout simplement pas la bonne pour moi.
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A.
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