Je me suis réveillée plus tôt, ce matin. À vrai dire, je n’ai pas dormi de la nuit, je n’ai pas réussi à me reposer rien qu’un peu. Ma tête n’a pas cessé de me répéter ton prénom en boucle, comme si je devais m’en rappeler pour une question d’examen. Ça doit être à cause de mon conditionnement machinal de la fin de session. Je te le jure, je l’entendais en cacophonie, voire même en polyphonie!
Il y avait tout de même un détail auquel je ne pouvais pas fermer les yeux. On a coupé contact parce que j’idéalisais trop ce que tu ne pouvais pas me donner: de l’affection à profusion. Ça t’étouffait autant que ça brûlait mon énergie à en vouloir encore plus de ta part. Un cercle vicieux auquel ni l’une ni l’autre ne savait comment briser. Au fond, on s’aimait, mais différemment.
En attendant de trouver sommeil, j’ai épié ton profil, toute la nuit, à la recherche de je-ne-sais-quoi-exactement. J’avais envie de voir si tu avais publié de la nouveauté, même si je sais pertinemment que tu n’es pas active sur les réseaux sociaux. J’ai donc regardé les mêmes choses, comme je le fais à chaque jour. Moi aussi je me trouve débile, ne t’inquiète pas, mais ça m’aide à assumer que tu n’es pas totalement partie. Quitte à prendre de tes nouvelles et à paraître comme une fille qui est incapable de move on, je t’espionne en m’imaginant tout plein de scénarios pas possibles.
Peut-être que si j’avais été moins intense avec toi, notre relation aurait pu mieux se porter. Ou à l’inverse, si tu m’avais donné plus de preuves que tu m’aimais, je ne t’aurais jamais fait porter le blâme de me rendre malheureuse. Je sais que tu ne savais pas comment me donner plus, mais pour moi, c’était insuffisant.
C’était plus fort que moi, chaque fois que tu franchissais le cadre de la porte, mon cœur voulait se fendre en quatre. Reviens donc! C’est ce que je te disais, et à chaque fois, tu me faisais ces yeux doux, mais peinés à la fois. Tu ne rebroussais pas chemin, tu me faisais languir, là, à te regarder t’en aller loin de mes bras. Le bruit de la porte qui claquait, lors de ton départ, était en fait le bruit de tous mes os qui craquaient. Ils n’ont jamais supporté le poids de se faire abandonner dans un corps vide comme le mien. Vide, et inutile. Aussi vide et inutile qu’un carton de lait fini, mais laissé tout de même dans le frigo.
Tu ne comprenais pas, en fait, pourquoi je me sentais comme ça. Tu me disais que ce n’était pas de l’amour, mais de la dépendance affective. Je n’ai jamais voulu te croire parce qu’au fond, j’avais seulement besoin d’être rassurée d’un amour réciproque. Je te rétorquais qu’il y en a toujours un qui aimait plus que l’autre et que c’était tout simplement moi.
Je me demande souvent comment tu te portes, ça me fait oublier mon état d’âme. On m’a donné des trucs pour arriver à t’oublier, mais je crois que je n’en ai pas véritablement envie. En tout cas, pas tout de suite. Je me remémore nos moments où j’étais remplie de ton attention que t’essayais plus que mal de me donner. On savait toutes les deux que tu donnais de l’amour pour deux personnes. Pour toi et pour moi.
Je n’ai jamais vraiment appris comment, de mon côté, tu venais effacer cette partie de mon âme. Tu refoulais ce que je voulais me crier dans le miroir et ça me faisait du bien. Est-ce que tu m’aimes pour de vrai? Je l’ai répété probablement trop souvent, ça a dû te fatiguer, à la longue. Moi aussi j’étais fatiguée, tu sauras. Peut-être même plus que toi, qui sait? Mais s’il y a une chose dont je suis certaine, c’est que des personnes comme toi, je n’ai pas fini d’en rencontrer.
Alx.
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