ÉTATS D'ÂME Maman STYLE DE VIE TEXTES DE K. x

Avoir un enfant à 18 ans – Ce que ça change pour vrai

Je n’ai jamais voulu d’enfant. Du moins, je planifiais faire une vie sans. Je me souviens à quel point du haut de mes seize ans, j’étais fonceuse, rebelle et surtout en totale opposition avec ma mère qui elle, en avait eu trois! Tatouage sur le ventre, magasinage d’une Volks cabrio convertible et études collégiales vers une carrière artistique, je me faisais un réel plaisir à établir les fondations de cette vie de liberté.

C’est au moment où je rêvais d’aventure et d’émancipation que j’ai fait la rencontre de celui qui allait devenir ma première vraie histoire d’amour. Le genre d’amour qui te rend différente parce qu’il te sort de ta game habituelle de fillette de la Rive-Sud. Celui qui te fait goûter à la vraie vie dans un appart de Montréal-Nord. Cet amour aux limites fragiles qui te fait sentir si spéciale que tu veux le garder pour la vie, même quand ça brasse et fait couler ton mascara. Parce que t’as compris que ton couple vibre et existe quand il écrit son histoire dans les nouvelles expériences et le drama en continu.

C’est donc sur le soundtrack de Save the Last Dance que je me suis lancée à la réécriture du scénario de ma vie, de notre vie… et je savais que je devais l’écrire avec toute mon intensité et ma passion, sans me laisser freiner par les détails. Je n’ai pas pensé à l’argent, ni à ce que nous étions en mesure d’offrir. Je suis restée là, figée dans l’amplitude du bonheur immédiat de cette décision que nous venions de prendre… mettre au monde un petit bébé métis!

Pendant les neufs mois qui ont suivi, j’ai transposé mes écritures sur un magnifique vélin blanc. Très égoïstement, j’ai pris le temps de ressentir mon high d’émotions nouvelles… jusqu’à ce que la réalité me ramène sur Terre. Parce que c’est ça qui arrive quand on devient mère à dix-huit ans. On réalise que notre script était incomplet et qu’on avait inévitablement omis plusieurs passages de cette nouvelle réalité.

Je n’avais pas prévu le poids du jugement. Au 280e jour du projet, c’était loin d’être ma première option de partager ce moment d’entière vulnérabilité avec… ma mère! J’avais plutôt imaginé ce passage marquant à me balancer entre l’excitation de l’inconnu à venir et la fébrilité du moment présent. J’avais même envisagé une finale avec quelques larmes discrètes. Au lieu de cela, je me laissais envahir par ce deuil non résolu et la petite voix de ma critique intérieure. J’étais loin de m’imaginer que pendant ces douze heures d’intensité, je ressentirais la pression de devoir être à la hauteur. Je n’étais même pas encore maman et je comprenais déjà qu’on allait me juger, me critiquer et douter de mes compétences parentales. Je savais que je ne supporterais pas qu’on me colle l’étiquette de «mauvaise mère» à la moindre occasion, ni qu’on me critique pour avoir choisi d’effacer la ligne: «Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants».

Je n’avais pas prévu m’oublier dans le choix de ma carrière. À partir du moment où j’ai tenu dans mes bras celui que je pouvais appeler mon fils, j’ai dû me joindre à cette réflexion «dirigée» en lien avec mon choix de carrière boho. Une avenue qui ne convenait définitivement plus à mon nouveau statut de #solomom. Même si je n’avais jamais considéré l’option d’un baccalauréat de quatre années, même si je n’avais jamais pensé m’improviser une vocation d’enseignante de primaire, j’ai finalement appliqué à l’UQAM et redirigé mon avenir sur le chemin des bonnes mères, celui où l’emploi vient de pair avec la sécurité. L’artiste en moi venait d’être rétrogradée et allait désormais devoir se trouver des temps libres pour exister.

Je n’avais finalement pas su envisager le moment où petit deviendrait grand. C’était facile d’imaginer et de rejouer sans cesse la scène où je tiens le bébé dans mes bras et le nourris aux trois heures. C’était simple de mettre le gamin en réflexion ou de lui parler à la 3e personne du singulier après chacune de ses crises. C’était aussi chimérique de croire que je pourrais simplement en faire plus afin de pallier l’oeuvre incomplète que je léguais. Dix-huit années plus tard, je constate nos blessures, je ressens les malaises et je revis quotidiennement le roller coaster des émotions à travers l’histoire de mon fils, celle qu’il choisit d’écrire selon sa vision et ses passions. C’est une toute autre game quand tu as devant toi un homme… Celui que tu as choisi d’élever seule, au meilleur de tes connaissances, à ce moment de ta vie où tu étais toi-même encore une enfant.

Je le regarde aller et je me revois. Il y tellement de choses que je voudrais lui partager afin qu’il puisse un jour comprendre. Mais je vais me contenter de lui glisser ces quelques mots… Les mots que j’aurais moi-même aimé recevoir avant de m’éloigner de mes repères:

Kid! T’as cette drive unique à l’intérieur de toi. C’est grâce à cette essence propre que tu feras toujours ta marque, partout où tu passes! Ne laisse rien, ni personne t’enlever ce pouvoir, OK? Laisse-le toujours te guider dans l’écriture de TON histoire. Sois conscient de l’ampleur des choix et des possibilités qui se trouvent devant toi, à chaque seconde. Tu connaîtras toujours la voie si tu prends l’habitude de simplement te demander quoi d’autre est possible… Et si un jour tu doutes, réfère-toi à ce pouvoir que tu as de choisir autre chose! Tu es exceptionnel comme tu es maintenant, mais promets-moi de te souvenir de ce moment précis où j’ai insisté sur le fait que «tu pourras toujours faire quelque chose que tu n’as jamais fait, qui pourrait changer ta vie à jamais*». Je t’aime xxx

 

 

 

K.

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*Merci Karine Champagne pour ce jour où tu as allumé l’étincelle qui m’a permis d’être la mère «hors du cadre» que j’ai envie d’être.

Champagne & Confetti

Blogue mode, beauté, style de vie et développement.

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