Vous savez, la sensation de frustration que l’on ressent sans aucune raison. La chaleur qui monte à la tête, et qui colore nos oreilles rouges. Quand tout le monde autour de toi te tape sur les nerfs sans aucune raison. Quand tu appréhendes de façon négative chaque réponse, chaque parole, chaque action des gens que tu côtoies. Eh bien, il n’y a pas si longtemps, je me sentais comme ça constamment.
Je me suis retirée de mon quotidien quelques jours, pensant que la solution était de prendre un gros break de mon monde pour qu’ils s’ennuient tous de moi et réalisent enfin ce que je vaux…
Je me suis rendue chez un ami, on a bu beaucoup, beaucoup, beaucoup de tequila et je me suis confiée. Le lendemain matin, 3 Advils dans une main et une chaudière de café dans l’autre, j’appréciais la vue de son balcon qui donnait sur des kilomètres et des kilomètres de champs. Mon ami m’a rejoint et m’a dit :
«Tu sais Christine, le problème, ce n’est pas que les autres ne voient pas ta vraie valeur… Le problème, c’est que toi tu ne vois pas ta vraie valeur.»
J’ai alors pris la plus grosse gorgée de café ever. Au travers mon café, j’ai avalé quelques sanglots, mon orgueil, ma fierté et j’ai pour la première fois depuis longtemps, osé regarder quelqu’un dans les yeux. Je n’avais plus de secrets pour lui, il avait bien lu en moi et je n’avais plus rien à cacher.
J’ai la certitude que chaque personne qui entre dans notre vie, peu importe la manière, y entre pour une raison. Entre chacune de ces personnes et toi se trouve un bout de corde. Ce bout de corde-là est divisé en deux, à parts égales. Ta moitié représente tes limites, ta tolérance, tes valeurs et le respect que tu as pour toi-même, et l’autre moitié représente la même chose pour l’autre.
Dans la majorité de nos relations, à un moment ou un autre, un des deux côtés tire sur le bout de corde de l’autre et c’est à ce moment-là que tu dois reprendre ton bout de corde. Tu peux reprendre ton bout de corde en établissant des limites, en discutant, en t’éloignant, mais ça ça doit venir de toi. Parfois, dans certains cas où la relation est toxique, tu dois couper la corde pour rompre le lien. Par exemple, tu peux décider de t’éloigner de quelqu’un parce que tu n’as pas d’affinités avec elle; tu as donc repris ton bout de corde sans nécessairement couper la corde.
Mais, fais attention parce qu’on peut difficilement recoller une corde coupée et si jamais tu le fais, il y aura une faiblesse dans la corde à l’endroit où tu l’auras recollée, donc fais tout ce que tu peux pour toujours garder ton bout de corde avant de devoir le couper.
Cette journée-là, j’ai fait un gros tri dans ma tête. J’ai écrit le nom de chaque personne que j’avais dans ma vie et j’ai dessiné une corde entre mon nom et leurs noms. Sur la corde j’ai noté toutes les frustrations que j’avais et plus il y en avait, plus je me rendais compte que j’avais laissé mon bout de corde à l’autre. Dans la majorité du temps, ces personnes-là contre qui j’accumulais de la frustration n’avaient même pas idée de ce que je ressentais. Je leur avais offert mon bout de corde sur un plateau d’argent à force de toujours dire oui, d’accepter des situations inacceptables, d’être quelqu’un que je n’étais pas pour plaire à tout le monde et ce, même si ça allait à l’encontre de mes valeurs.
La semaine suivante, j’ai repris un à un mes bouts de cordes. Je me suis éloignée de certaines personnes et rapprochée d’autres. Mes relations sont devenues saines, simples, plaisantes. En plus d’être beaucoup plus zen, cette théorie m’a permis de me remettre en question maintes et maintes fois afin d’être la meilleure version de moi-même. Elle m’a permis d’essayer de comprendre les autres, mais avant tout, ma propre personne. Ah oui… j’ai mentionné que cet ami est aujourd’hui mon futur mari?!
Et toi, comment vont tes bouts de corde?
Ch.
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