Le temps, quel concept abstrait! C’est difficile de le cerner, le mesurer de façon définitive. Le temps est volatil, il est relatif. Un battement d’ailes et il est passé. Un clignement d’œil et il est révolu. Une image et il se projette, une page et il se décompte, un moment devient le passé.
Le temps s’espère, se pleure, se désire, s’étire, s’amenuise, se meurt, se vit, s’amuse. Le temps est élastique ou rigide. Il se fait doux, clément, rude ou déchaîné. Il tourne, marque les saisons, la température, une date, un souvenir, un espoir, un projet, un avenir, une histoire.
Dans l’attente, le temps est long, figé, arrêté, stable ou infini. Il éprouve le cœur, il torture le cerveau, il fragilise l’espoir. Il effiloche le désir. Dans sa hâte, il court, il s’envole, il déboule, il est insaisissable. Il fait débattre le cœur, il engage le cerveau, il éprouve la vie, il devient urgence. Il peut faire la différence entre le vie et la mort. Entre le beau et le terrible. Il change la donne entre certitude et destin.
Qu’il soit au début ou à la fin, le temps laisse sa marque. Inévitablement, il laisse sa trace sur nous. Il nous attendrit, nous émeut, il nous ravit. Il nous chamboule, nous fait revivre, il nous endurcit. Jamais le temps laisse indifférent. Il nous change, nous façonne, nous modèle. Il nous glorifie ou nous momifie. On en a assez ou trop peu. Il règle notre vie à son propre rythme. Il est dans l’air, dans l’ère du temps. On est étourdi par le temps.
Le temps génère une multitude de références. Qu’on le compte en secondes, minutes, heures, jours, semaines, il marque le mouvement. Le temps qu’il fait, peu importe la saison, ouvre la conversation et permet des pronostics tantôt optimistes, tantôt pessimistes. Y’a rien comme parler du temps qu’il fait pour rapprocher deux inconnus. Il situe les verbes en leur donnant un temps, passé, futur, plus-que-parfait et même imparfait, le temps les commande.
Le temps est argent. Il est précieux et trop souvent monnayable. Il détermine la valeur d’un moment, d’un instant. En musique, il marque le rythme. C’est à ce moment qu’il permet de se rapprocher, de se coller, de sauter, de valser ou tout simplement de hurler. Sportivement, il fera la différence entre laisser sa marque ou rater la première marche.
Quoi qu’il en soit, on ne peut évoluer sans tenir compte du temps passé qui a façonné notre histoire commune ou individuelle. On prend rarement le temps de s’arrêter au moment présent. Trop occupés à penser au temps passé ou à celui qui n’a pas encore fait tourner les aiguilles de nos montres, les pages du calendrier.
Que dire du futur, qui nous obsède continuellement?! On attend tellement souvent le bon moment et le temps nous file. Il nous fait un pied de nez avec ces «j’aurais dû». Y’a le bon vieux temps dont on aime tant parler, se raconter, se transmettre. Y’a le temps prévu qui inévitablement changera rendu là. Et il y’a l’avenir qui nous attend à bras ouverts.
Impossible d’étourdir le temps. C’est lui qui est maître. Il règne et régit. Avec les années qui s’accumulent à nos corps, on prend de plus en plus conscience de l’importance du temps que nous avons passé, du temps présent et du temps restant. À nous de savoir l’utiliser à bon escient. Entre temps, l’important c’est de profiter du moment et de s’arrêter de temps en temps pour le savourer. Avec le temps, on prend conscience que le temps est compté et qu’il a une valeur inestimable.
M-C.
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