Je ne suis pas frustrée ou féministe. Je suis juste écœurée de cette ère de dating de merde et de toute la place que cette sphère prend dans nos vies. Et comment la game a changé depuis l’ère digitale.
Ça me fascine. Je côtoie des femmes de choix, des femmes f*cking belles, intelligentes, autonomes, drôles, accomplies professionnellement… misérables quand le gars n’a pas répondu au texto. Anxieuses quand il l’a lu et donne une réponse 4 heures plus tard. Font des stories bien adressées à «un gars» en particulier afin de lui véhiculer un message: «regarde comment je suis belle ce soir», afin qu’il réalise qu’elle est belle (mais il le sait déjà t’sais) et qu’elle a une vie bien occupée. Ou encore mieux, une story qui laisse clairement entrevoir qu’elle a une date, pour faire réagir un autre gars.
Il est où le temps où l’on disait à un gars: «tu me manques, j’ai envie de te voir»? À la place, on fait des selfies qui ont zéro meaning, on cr*sse un quote en anglais en-dessous (quand on est Acadienne). Ah, mais ça, c’est parce que quand tu dis à un gars que tu le trouves trippant, il te dit que t’es trop vite sur la gâchette. Ça, c’est à cause que nos réseaux sociaux et Tinder nous ont rendu indifférents et stupides, au point de juste swipper à gauche quand le gars dit qu’il n’aime pas le tofu. C’est parce que quand tu rencontres un dude, après 36 minutes, il te dit déjà qu’il ne cherche rien de sérieux. C’est comme acheter un aliment déjà expiré, ça donne moins envie disons. C’est comme rendu tabou dire qu’on aimerait rencontrer quelqu’un pour bâtir quelque chose. C’est comme une faiblesse dire qu’on aimerait être en amour.
Je suis écœurée, malgré toutes les sphères dans nos vies, que les hommes et le dating soient une sphère tellement prenante qu’elle nous fait oublier les autres. On parle d’eux, on screenshot le dude random qui nous add sur Facebook dans nos convos de groupe de filles. On screenshot ses réponses quand on n’est pas sûre de ses intentions (parce que t’sais, faut qu’on se consulte entre nous). On screenshot des photos de notre date ou du plat servi. Mais la réalité est qu’ON DEVRAIT S’EN CAL*SSER. Nous devrions arrêter de mettre notre bonheur dans les mains d’une source extérieure et étaler des choses insignifiantes. Surtout dans ce monde de dating digital f*cké.
Je ne dis pas ici que je suis contre la notion de couple. Au contraire. Mais je suis contre aller souper avec des amis et tout le monde a son cell. à la table. Dès qu’il vibre, la Terre arrête de tourner et Mélanie arrête de t’écouter pour enfin lire le fameux texto. OH, LE TEXTO! Mais attends, faut pas lui répondre tout de suite. Ça va paraître trop intense. Donc tout le monde à table arrête de parler du sujet qui était d’actualité juste avant pour analyser ledit texto. Mais attention, si le texto était négatif, Mélanie serait à terre et oublierait que nous sommes venus souper pour célébrer la remise de sa thèse. Elle qui attendait impatiemment la réponse de Julien, à savoir s’il voulait la revoir.
Parce que, bien sûr, notre bonheur dépend de la réponse de l’autre. Le bonheur ou le malheur est à «one text away». Mais le gars a répondu que le timing est pas bon, qu’il sort de relation, donc il est pas prêt à dater Mélanie. Et là, c’est parti: les 4 filles à table donnent toutes leur opinion, avec leur vision de la vie et leurs projections. Tout le monde fait son analyse et donne son avis à Mélanie. Avec sa paire de lunettes. Qui n’a aucun rapport avec la situation de Mélanie.
Mais la réalité est: il n’est pas intéressé. C’est simple.
Quand quelqu’un est intéressé, il fait de la place. Quand le gars trippe, ça ne lui fait pas peur que tu lui donnes un compliment. Quand t’as le goût de répondre, fais juste répondre à son texto. C’est pas ta réponse trop rapide qui l’a turn off. Et si ça tenait juste sur cela (sur la game digitale), eh bien veux-tu vraiment cela? Ou plutôt, ça ne tenait pas sur grand-chose.
Ah, mais on allait oublier. Les filles à table étaient en train de célébrer la remise de thèse de Mélanie, mais ça, ça a passé dans le beurre. T’sais, il y a des choses bien plus importantes à régler et analyser dans la vie: LE TEXTO.
Je ne suis pas en train de chialer sur mes amies et les femmes en général. Ceci est une situation fictive. Je suis en train de chialer sur toute la place que tout cela prend. Nous sommes en déséquilibre.
Je suis en train de chialer sur la culture du «regarde-moi» qui fait en sorte qu’on est rendus comme cela. Sur la culture de la photo de profil de couple, comme si c’était une identité. De la culture du «regarde ce que j’ai» sur Facebook. La culture qui nous force à toujours nous comparer. La culture du petit couple parfait qui fait une bataille d’oreillers stagée, ultra maquillé, le dimanche matin.
Je ne suis pas fâchée contre cette ère de dating. Mais je dis: réveillons-nous! Il est où le bonheur? Il devrait être en nous, pas «one text away», pas d’une source extérieure, pas d’une notification, pas d’une interprétation. Elles sont où les conversations de groupe qui ne sont pas entachées par le cell. au coin de la table? Elle est où la fille qui dit au gars direct: «hey, tu me fais tripper»?
Le changement va arriver quand NOUS le décidons et quand on va arrêter d’encourager le mouvement en étant dedans.
Anonyme.
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