Bien oui, je vais t’aimer toujours et le constat a été difficile à admettre, je dirais même à avaler. Pourtant je sais, tellement, que tu n’es pas pour moi. Que ce que l’amour représente pour moi versus pour toi, ce n’est tellement pas pareil. Des années à tes cotés pour finir anéantie et à continuer de t’aimer malgré tout. J’ai eu honte et ça me prend encore parfois ce sentiment, je voudrais me cacher et te le crier, mais tu ne m’entendrais pas. Tu ferais comme si, du moins.
Je le sens à travers ton regard, à travers tes textes et tes non-dits quand on s’échange nos enfants. Parce que voilà, la plus grande tragédie, j’aurais beau vouloir te chasser, je sais que tu ne peux disparaître vraiment.
Je voudrais que mon coeur et ma tête puissent t’oublier, car au fond de moi, je sais à quel point tu as été toxique et que tu le seras toujours. Je sais aussi que je suis mieux sans toi même si je te cherche encore la nuit, blotti tout contre moi.
On va se dire les vraies choses, je ne m’ennuie pas des doutes, des cris et des mensonges qui m’ont grugée tant de fois, des dizaines de fois. Je ne m’ennuie pas de ces moments où je me sentais toujours coupable de tout, même si aujourd’hui je sais que j’étais la parfaite victime, manipulée et manipulable. J’ai beau me répéter aujourd’hui que je suis tellement plus épanouie sans toi, tu restes là, comme un tatouage qui ne veut pas partir, sur mon cœur, à l’encre de chine.
Au premier regard, tu m’avais eue; au premier toucher, tu m’avais convaincue et au premier souffle, tu m’avais enivrée. Des années à t’admirer, mais aussi à pleurer. Je t’aurais tout donné et c’est ce que j’ai fait. Me voilà quelques années plus tard, guérie de ton passage, mais l’amour subsiste et résiste. Tu n’étais pas juste toxique, mais qui pourrait comprendre que dans tes yeux et dans ton toucher, il y avait le plus grand amour qui pouvait exister?!
Des mois de temps, je me suis empêchée de le ressentir, de le vivre et d’y penser, mais maintenant j’ai compris que ce que tu m’as fait et ce que je ressentais c’était complètement différent. J’ai accepté de t’aimer en silence, accepté que tu étais une partie de celle que je suis et de ce que je serai, sans souhaiter ton retour. J’ai longtemps imaginé ce que serait notre dernière nuit, notre dernier baiser, mais ça n’aurait été que de prolonger ce déchirement inévitable. Je sais maintenant que tu n’as juste jamais compris ce que c’était d’aimer et encore moins à quel point, moi, je t’aimais.
Alors je vais t’aimer au loin, en secret et en douceur, sans artifice ni sacrifice parce que je me suis choisie et que j’ai surtout décidé que la vie allait aussi être plus belle sans toi pour l’avenir. Moins de larmes, moins de mensonges, moins de doutes, toutefois moins de frissons et de fous rires en plein milieu de la nuit.
Je suis en paix avec ça enfin, en paix avec le fait que t’aimer ce n’est pas synonyme de faiblesse mais de vérité, que te garder en moi me permettait de mieux avancer sans pour autant accepter de souffrir. Tu auras été l’amour de ma vie, mais je laisse la place au prochain qui, lui, saura voir en moi toute cette beauté et cette sensibilité. Celui qui saura aimer sans faire mal, celui qui aura envie que je touche son cœur sans avoir peur d’y perdre sa liberté. J’y ai presque laissé ma peau jusqu’à ce je comprenne qu’aimer n’était pas une fatalité ni une complexité et que dans mon coeur il y avait toute cette immensité.
Miss Edith.
Source photo: Unsplash