Prologue 1
Dans une ancienne vie, j’allais dans les écoles pour développer les valeurs entrepreneuriales. J’expliquais aux petits comment toutes ces valeurs étaient importantes dans toutes les sphères de nos vies, pas seulement quand on voulait devenir un entrepreneur; la confiance en soi, le sens des responsabilités, le leadership, l’autonomie, entre autres. Quand j’arrivais à la solidarité, j’utilisais souvent l’exemple d’un solide. Ces formes en 3 dimensions qu’on trouve dans toutes les classes. Ce sont tous leurs côtés attachés les uns aux autres par leurs arêtes qui se rejoignent pour former les sommets qui font leur force et qui leur permet de se tenir debout. Dans la vie de tous les jours, je rappelais aux enfants que la solidarité, c’est aussi l’expression qu’on utilise souvent: «se serrer les coudes».
Prologue 2
Un jour de mai, j’ai fait la rencontre d’un drôle de bonhomme. Un gars qui est d’ailleurs, qui vit ici, mais qui se trouve un peu partout. Un grand gaillard aux cheveux longs, à l’accent différent, aux idées souvent étranges pour moi, mais pleines de logique pour lui. Un quidam qui avec le temps est devenu un ami. Un ami différent, comme chacun de mes amis. Un ami qui, avec ses différences, met de la saveur dans ma vie. Un mec que je n’aurais sans doute pas rencontré, autrement que par des amis communs.
Le cœur du sujet
Ce petit géant au grand cœur a reçu de bien mauvaises nouvelles au début du mois de décembre. Sa santé a été bombardée par des méchantes cellules qu’on ne souhaite pas voir s’inviter, avant les fêtes, ni en d’autres temps. Entre rendez-vous et traitements, entre le questionnement et le déconcertant, j’ai vu un homme se changer en petit enfant. Le corps toujours aussi grand, mais moins fort, et les yeux du petit qui a peur du monstre sous le lit. Tout ce qu’il y a de plus normal dans ce genre de situation. Mais il fait face! Il a dans le cœur et dans l’esprit tout ce qu’il faut pour que son attitude détermine son altitude.
Mais ce que j’ai vu de plus extraordinaire, ce sont ses amis. À peine le temps de saisir l’ampleur de la situation, qu’ils s’organisaient déjà une de leurs rencontres de chantier. Mais cette fois-ci, la rencontre, elle allait servir à mettre en chantier quelque chose de bien différent. Cette réunion impromptue allait servir à déterminer qui allait faire quoi pour faciliter la vie chamboulée de ce gentil homme.
J’ai eu la chance – oui, je dis bien la chance – de me faire inclure dans cette bande restreinte de gars de chantier. J’ai vu les gars à l’œuvre. Les tâches ont été distribuées selon les compétences et les ressources de chacun. Un s’occupait des repas chauds du soir, l’autre devenait le commissionnaire. Un autre allait s’occuper de corder et rentrer le bois qu’il n’avait pas eu le temps de se préparer à l’hiver, un quatrième était désigné chauffeur de monsieur et un cinquième s’occupait de l’entretien de l’entrée, de veiller sur son bon voisin. Moi, j’ai pris le poste de la distribution des médicaments et de la paperasse. Bien sûr, chacun avait un poste plus officiel, mais chacun apportait aussi de sa saveur, de sa constance et de son amitié.
J’ai vu des gars (ben oui, je suis la seule, one of the boys), se relayer pour soulager la douleur de leur ami. J’ai vu 2 gars à moitié couchés dans le lit de leur ami pour lui installer une orthèse. J’ai vu des gars se succéder pour apporter des repas chauds, faciles à manger et ainsi éviter la dépense inutile d’énergie. J’ai vu les familles de ces gars laisser partir leur homme, leur père, la journée de Noël, pour qu’il puisse aider son ami.
J’ai aussi vu des gars tristes, mais fiers. Des gars de cœur, des gars de paroles, des gars de gang. Des gars qui ont fait et qui feront la différence dans la vie de leur ami. Et j’ai aussi vu à quel point cette amitié est précieuse.
Cette gang de gars de chantier ont quelque chose de bien beau ensemble. Ils sont capables de se serrer les coudes. Ils ont mis leurs forces, leurs atouts, leur unicité en commun pour en faire culminer quelque chose de merveilleux. À eux, ils ont permis aux branches de chacun de s’attacher pour en faire des sommets.
Épilogue
Le mot valeur peut prendre bien des significations. Mais selon moi, la plus belle définition qu’on puisse lui donner, c’est: importance des choses qui rendent les gens inestimables. Cette bande de joyeux lurons se sont serrés les coudes, ils ont été solidaires et par le fait même, beaucoup plus solides ensemble. La partie n’est pas encore gagnée, mais je peux affirmer sans me tromper qu’elle sera bien moins difficile à gérer.
M.-C.