J’approche la cinquantaine, le demi-siècle. Ça va vite, trop vite. Aussi bien dire que la moitié de ma vie est passée. Je suis de la génération X. La génération qui voyait s’ouvrir une multitude de possibilités. On a vu arriver de nouvelles technologies, le monde au bout des doigts. Tout était à portée de main. À nous de saisir les opportunités.
Au moment d’écrire ces lignes, on fête le vingt-sixième anniversaire de mon premier enfant. C’est fou. Si je compare son parcours au mien, on est à des milles et de milles de différence. À cet âge, j’étais mariée, j’avais deux enfants, une maison, une bonne job, un chien et tout le bataclan. C’était la vie qu’on avait quand on avait la vingtaine dans les années 80.
Dans 10 jours, j’aurai 48 ans. Quand je mets ma tête sur pause, je me dis que je devrais être sur mon X, comme on dit. Toutes les occasions étaient là et pourtant, en regardant derrière moi, je me dis que je suis loin de mon X. Ha! J’ai bien de choses qui comblent ma vie, j’ai eu 3 maisons, 2 enfants, j’ai encore une belle job, mais je n’ai plus de chien et la vie a fait de moi une célibataire, plutôt endurcie.
Quand j’étais petite, je regardais mes parents en me disant que c’était ça la vie. Un amoureux, une famille et tout ce qui vient avec. Où est-ce que ma génération s’est perdue? Mes parents se sont mariés jusqu’à ce que la mort les sépare. C’était comme ça dans leur temps. Bon, vous me direz que les choses évoluent. Que certains couples se séparaient. Mais c’était rare. Quand je regarde mes amis, tous leurs parents sont encore ensemble. Amoureux fou? Je ne sais pas! Ils ont traversé les épreuves, se sont soutenus, ils se sont engueulés, réconciliés. Ils ont traversé le temps.
Comment se fait-il que ma génération ne soit pas arrivée à faire la même chose? Quand je regarde autour de moi, la grande majorité des gens se sont séparés à plusieurs reprises. Les couples ont éclaté, les familles sont devenues recomposées. Planifier un repas de famille est presque devenu impossible, deux enfants, qui ont chacun un amoureux(se) qui eux aussi ont des parents séparés. C’est au moins quatre familles à accorder pour arriver à réveillonner. C’est pas rien.
Alors, je me demande où est passé ce X. En tout cas, mon X. Est-ce que ma génération est à ce point semblable à sa technologie, faite pour briser et on jette? On ne répare plus, on n’a plus de temps à mettre sur l’effort? Le X que j’espérais avoir atteint à mon «vénérable». Avoir trouvé ma moitié, à la vie à la mort et être comme mes parents, avoir quelqu’un avec qui je pourrais encore me promener main dans la main, partager les hauts et les bas de la vie. Durer… perdurer, même si des fois, ça voulait aussi dire endurer et pester. Mais se coucher le soir ensemble, en cuillère, parce que faire autrement, ça ne se pouvait pas.
Il est pas trop tard, je le sais. Mon X est sûrement sur une carte au trésor quelque part. C’est juste que je ne l’ai pas trouvé encore! Peut-être que je chauffe, ou je gèle, comme on disait quand on jouait, plus jeune. On verra, le temps le dira… Mais j’espère un jour pouvoir dire: voilà papa, voilà maman, maintenant je sais que je dormirai en cuillère jusqu’à la fin de ma vie.
M.-C.