Je me suis levée un dimanche de lendemain de veille à Québec, dans ma chambre d’hôtel, avec la sensation de mort imminente. Je me sentais comme une vidange, l’âme un peu poquée. La veille, on est sorties dans la capitale et ce n’était pas doux, comme on dit dans le milieu. J’avais encore exagéré et, ce matin-là, avant de refaire la route pour Montréal, j’ai clamé haut et fort : «That’s it, je ne bois plus jamais, finito Pepito.» Ayant dit cette même exacte phrase au moins 100 fois auparavant la tête au-dessus du bol, me demandant comment Éric Lapointe y fait, lui, j’étais à bout des hangovers. J’étais déterminée, aucune goutte d’alcool pour minimum un mois. Hey bartender! Un Jack Coke SVP! Fini le lubrifiant social, je vais passer mes soirées à sec.
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La première semaine sans alcool était Bébé fafa. Je ne bois que très rarement la semaine. Avec le travail temps plein et ma nouvelle vie d’adulte, les sorties de semaine se font plus rares, et les occasions de boire aussi par le fait même. Facile de se contenir quand on s’endort à 22h 21h30 devant Netflix.
Je savais que le vrai test allait se passer en fin de semaine, ma première fin de semaine à jeun depuis 2006 (oui, on boit dans nos partys de secondaire, désolée maman). Au courant de la semaine, j’ai eu une invitation pour aller boire un verre avec la gent masculine. Désolée, pas d’alcool pendant un mois! La réaction était unanime : «Huh. Pourquoi? Tu ne peux pas faire une exception pour moé?» Non amigo, cette fois-ci, tes beaux yeux et tes abdos ciselés ne changeront pas ma décision. Que l’on m’apporte de l’eau!
Le premier samedi au bar, sans Jack Coke, m’a donné des sueurs froides. Tout le monde autour de mois dégustait un verre de vin, se lâchait lousse dans les hot shots et trinquait avec une Bud bien froide. La barmaid a dû me demander au moins 13 fois si je «voulais quelque chose à boire», comme si mon verre d’eau ne comptait pas. J’étais mal à l’aise, je me sentais jugée, pas à ma place. Mais la soirée s’est tout de même bien déroulée et, à ma grande surprise, j’ai ri autant et eu autant de plaisir que lors de mes soirées plus arrosées. Succès!
La semaine #2 débute et la différence se fait sentir : 16 jours sans alcool. Nous sommes à mi-chemin mes amis! La phase des questionnements est commencée. Est-ce que c’est raisonnable d’arrêter de boire complètement? Est-ce que ce ne serait pas plus logique de consommer avec modération plutôt que de me priver de mes 2 verres de vin hebdomadaires?
Après avoir discuté avec une amie, nous en sommes venues à la conclusion que les extrêmes dans la vie, que ce soit dans la privation ou l’excès, ne sont pas raisonnables. Alors, après plus de 2 semaines sans alcool, j’ai pris UN verre au restaurant. Vous me direz que je n’ai pas été capable de tougher mon mois sans boire, que mon expérimentation est donc vouée à l’échec. Mais à ceci je réponds : Non, au contraire. Les 16 jours sans alcool m’ont grandement ouvert les yeux. Non seulement mon corps se portait mieux, mais aussi mon esprit. Quand je suis retournée dans un bar la 3e semaine, j’ai bu 2 verres et le lendemain, je me suis levée fraîche et dispose, loin du bol *image graphique*.
La 4e semaine fut la plus révélatrice. Par choix, je n’ai pas bu cette fin de semaine-là. J’avais enfin brisé le cycle. Je ne me sentais plus obligée de boire dans une soirée, ou de me justifier au monde autour de moi. Je voyais les autres autour boire comme si la prohibition commençait le lendemain et que c’était la dernière fois qu’ils pourraient consommer de l’alcool et je me sentais en paix avec mon verre d’eau. Lorsque l’on est de l’autre côté du miroir, qu’on peut regarder les autres agir comme on agit quand on est sous l’influence, on réalise assez vite que l’alcool ne nous montre pas sous notre meilleur jour.
Au final, je me suis vite rendu compte que l’alcool me permettait de masquer ma gêne, d’assumer pleinement ce que je voulais réellement dire, comme beaucoup de monde d’ailleurs. Comme on dit : «Drunken words are sober thoughts». Le fait est qu’on devient de jeunes adultes et qu’il est temps d’assumer notre personnalité pleinement, sans cet élixir de courage qu’est l’alcool. L’alcool est comme un fuckfriend; il nous enivre le soir, mais nous donne mal à la tête le lendemain. Pourquoi est-ce qu’on s’inflige un mal de tête et des regrets quand on pourrait simplement être raisonnable?
Peut-être qu’à mon bachelorette party, je ne serai pas raisonnable, ou qu’à une soirée bien spéciale, je me laisserai tenter par plus que 3 verres. Peut-être. Mais il faut garder en tête qu’il y a des conséquences à l’abus d’alcool. Je ne ferai pas ma porte-parole d’ÉducAlcool et je ne vous ferai pas la leçon sur la conduite en état d’ébriété, parce que franchement, si vous conduisez saoul, vous êtes réellement idiot.
Ce qu’ÉducAlcool ne nous dit pas dans ses publicités, c’est comment l’alcool fait grossir, parce que oui, wine is a carb. You’re welcome. Et aussi parce que l’alcool affecte notre cerveau, alors ménagez vos belles petites cellules. L’alcool affecte aussi notre qualité de sommeil et notre productivité. Et parce que finalement, personne n’est heureux de passer la soirée avec quelqu’un de trop saoul. Tu ne veux pas être la fille qui se réveille le lendemain dans une salle de bain inconnue avec du vomi dans les cheveux, pendant que tout le monde parle dans ton dos dans la cuisine. Bref, la modération a vraiment meilleur goût (I had to say it, sorry).
Sur ce, je vous quitte, la SAQ ferme à 17h!
Almost-Sober L.