J’ai envie d’partir. M’enfuir. Aller ailleurs. Un endroit où on aurait p’t’être besoin de moi. J’y pense jour et nuit. Ça te fait pas rêver, toi? Toi qui as toujours voulu te réveiller ailleurs. Ça te tente pas? J’aimerais tellement partir. Loin d’ici. Aller là où on m’dira pas qui être. C’que j’dois faire. C’que j’dois dire. Un endroit où j’aurais pas besoin de m’excuser d’être qui j’suis.
Sans toi, j’ai pas le courage. Pas le courage de prendre des risques. On pourrait partir. Au beau milieu d’la nuit. Sans laisser d’note. Sans prévenir nos parents. Sans avertir nos amis. On part avec trois-quatre chandails, deux-trois pantalons pis un p’tit hood sur l’dos. On part sans s’retourner. Sans savoir si on va s’planter. Ça serait pas la première fois qu’on fait les choses sur un coup d’tête…
J’ai envie d’me lever debout sur les toits. Pis d’crier fort. De crier pour tous les mots que j’ai jamais dits. Pour toutes les fois où j’me suis laissée marcher sur les pieds. J’veux hurler toute la douleur en moi. J’veux être libre. J’veux partir. À pieds ou sur l’pouce. Tu pourrais venir avec moi?
T’as toujours dit qu’tu voulais changer des vies. T’as toujours dit que j’allais accomplir de grandes choses. Que j’allais changer l’monde. Imagine c’qu’on pourrait faire ensemble. J’ai besoin de partir. De vivre. J’peux pas rester assise plus longtemps ici. J’peux pas continuer d’me taire. Toi qui disais que j’étais la femme la plus forte de ce monde… mais à quel point? J’peux pas rester plus longtemps, à rien dire, sans me défendre. À laisser les gens changer celle que j’suis. On pourrait mettre nos cadrans à 2h30 du matin? S’lever sans faire trop d’bruit. S’rejoindre quelque part dans la nuit?
Sans toi, j’aurai pas l’courage. J’aurai pas l’courage d’être heureuse sans toi. Faque si un jour tu te dis que c’t’une pas pire idée… appelle-moi. Et si jamais tu m’cherches, j’vais être ici. À t’attendre. À mi-chemin entre ici et l’bonheur.
Cam.
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