On s’est croisés il y a cinq ans. À l’époque, t’étais le petit frère de ma meilleure amie. J’allais chez elle chaque jour pour faire nos devoirs, prendre un spa, sortir.
Toi, t’avais pas l’âge encore, mais j’aimais tellement aller avec elle me préparer, me maquiller, pour te regarder me regarder. On savait déjà que quelque chose nous tracassait. On n’a jamais osé, t’étais jeune et j’étais l’amie de ta sœur. À 20 ans et 17 ans… ça ne fonctionnait pas. La différence n’est pas majeure, mais à l’époque, ça l’était.
Puis, une année a passé. On s’est laissés tenter, une fois, qu’une seule fois. On n’a pas poussé plus loin. J’avais quelqu’un, toi aussi. C’était mieux ainsi. C’était juste agréable de se laisser désirer. De savoir que pour quelqu’un, j’étais magnifique.
Puis, une autre année… j’ai déménagé loin, trop loin. On a tenté de se donner rendez-vous quelques fins de semaine, à mi-chemin… mais l’horaire chargé de la vie a fait qu’on a baissé les bras. On avait probablement pas le courage de se faire du mal. De tenter l’expérience, sachant qu’il y avait des barrières impossibles à surmonter, pour l’instant.
Puis, une autre année. On s’est revus pour vrai, plusieurs fois. On a passé des heures au téléphone. On s’est appréciés. J’étais encore loin, mais on s’est promis de s’attendre. J’avais l’impression qu’on se rejoignait plus que jamais. Tous deux étant travaillants, on se comprenait. On comprenait qu’on pouvait finir tard le soir. On aimait se parler de nos journées. On se planifiait des projets. Cet amour, il a duré tout l’été. On s’est vus en cachette, on s’est même vus en public sans que personne ne se doute de rien, puisque c’est vrai, faut pas oublier que ta sœur est une bonne amie. Alors on s’est vus, grâce à elle, mais elle ne devait pas savoir que t’étais le seul que je regardais dans cette foule. Quand t’étais tout près de moi, c’était difficile de te savoir si près sans pouvoir te serrer. Et en même temps, c’était si bon de te voir dans ton naturel, tu confirmais que t’étais vraiment ce que je voulais. On se voyait chaque mois, puis aux 2 mois… puis…
Depuis quelques temps, je te sentais distant… tu ne répondais que vaguement à mes textos. Avant, c’était un «bonne nuit» chaque soir… maintenant, c’est long. T’as commencé à mettre ça sur le dos que tu travaillais beaucoup. C’est vrai, je le savais dès le départ, mais une fois couché, un texto prend une seconde.
Et un matin, mon compte de fée s’est écroulé. Après un peu de pression de ma part, tu m’as avoué que tu n’avais pu m’attendre… que tu avais rencontré quelqu’un. Quelqu’une. Tu m’as dit qu’il n’y avait plus d’espoir. J’ai accepté cette réponse, me disant que je ne t’écrirais plus.
Mais c’est faux. Je ne t’écrirai plus, mais je ne peux ignorer l’espoir. La boule qui est au fond de moi. Je me dis que c’est impossible que depuis toutes ces années, jamais on n’a lâché prise. Je me dis que c’est encore une fois pas le bon moment. Mais qu’un jour, ce le sera.
R.
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