Tu avais à peine 3 mois quand je t’ai vu pour la première fois. Tu semblais tellement triste, ta maman te rejetait et tes maîtres ne voulaient plus de toi. C’est alors que je t’ai pris dans mes bras et que tes grands yeux globuleux m’ont tout de suite fait penser aux miens. J’ai alors décidé de te ramener à la maison et d’être ta nouvelle maman. À ce moment précis, je ne savais pas encore, mais une grande histoire d’amour allait naître entre toi et moi. Tu allais dorénavant faire partie de ma vie. Je n’avais même pas de petit lit où te faire dormir ou encore de jouets pour te faire jouer. Je m’en foutais, j’allais m’arranger.
Les mois ont passé et tu as grandi bien vite. Tu t’es fait opérer, puis tu as porté le fameux cône de la honte. Tu as mâchouillé mes souliers puis fait de nombreuses fois pipi sur le tapis. Mais combien de fois tu m’as fait sourire?! Quand tu t’endormais dans mes bras en ronflant ou quand tu jouais dans mes feuilles durant mes révisions d’études. Quand je t’ai appris à marcher en laisse ou à t’asseoir pour donner la balle. Tu as été mon compagnon de danse de salon et aussi mon assistant pour le ménage.
Je me suis toujours dit que lorsque tu fais le choix de prendre un animal de compagnie, eh bien, c’est pour la vie. Malheureusement, puisque la vie est imprévisible, j’ai dû te laisser partir.
J’étais alors étudiante à temps plein, travaillant à 2 endroits pour joindre les deux bouts. Je n’avais pas prévu de n’avoir plus assez de temps pour toi. Je n’avais pas non plus prévu de ne pas avoir le support autour de moi pour m’aider à y arriver. Qu’est-ce qu’on fait lorsqu’on n’a pas d’autres options? Quand tu n’arrives pas à trouver une autre porte de sortie? J’étais seule vis-à-vis le monde. J’ai jugé que c’était la meilleure solution pour toi. J’ai fait le choix que beaucoup de gens font trop facilement, je t’ai abandonné. Moi j’étais anéantie, pleurant toutes les larmes de mon corps, mon cœur de maman déchiré en milles miettes.
C’est un ange qui s’est présenté et qui t’a pris sous son aile, me réconfortant qu’une bonne famille allait t’aimer autant que moi. Qu’il y aurait des enfants avec qui tu allais pouvoir jouer et une maman toujours présente à la maison pour veiller à tes soins. Je recevais à tous les mois de tes nouvelles, ce qui me confirmait que j’avais fait le bon choix. Que tu étais entre de bonnes mains. Tu es resté avec eux une bonne année, durant laquelle j’ai eu beaucoup de mal à simplement entendre ton nom ou à voir ta photo. Cette année a été remplie de tristesse de ne pas t’avoir à mes côtés.
Le temps que je mette de la stabilité dans ma vie, quand j’ai eu un travail et un foyer établi, j’étais prête à te reprendre avec moi. C’est alors que la vie nous a tendu les bras, comme si elle nous donnait une seconde chance. Une seconde chance pour moi d’être une bonne maman pour toi. D’apprendre de mes erreurs. Et j’ai su que plus jamais, je n’allais te laisser partir.
Au moment où j’écris ces lignes, tu te reposes sur mes genoux, confortable, me regardant de tes grands yeux globuleux comme tu l’as fait la première fois lorsque l’on s’est choisis pour la vie. Quelle décision difficile que de voir un être cher partir, mais la vie saura nous le rendre d’une toute nouvelle façon.
Évy.
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