Il y a d’abord cette attraction, ce désir de proximité physique. On se veut, on se désire, on brûle d’envie de s’enlacer l’un en l’autre. Là, maintenant, comme si un compte à rebours était commencé. C’est insupportable, limite intolérable que de se regarder les yeux dans les yeux alors que nos corps réclament de s’effleurer faute de combustion spontanée. Cette envie viscérale de se toucher qui est trop tentante pour y résister longtemps.
Même si ça fait partie du jeu, nous savons tous les deux qu’un de nous craquera sous peu. Reste à savoir qui sera le premier à faiblir sous le trop plein de désir. Trop envie de se caresser, se parcourir, se lécher, se découvrir, de se goûter… Nos corps sont des aimants et il est impossible d’ignorer l’attirance qu’il y a entre nous. On doit se posséder, c’est une évidence et nous le savons tous les deux. Rien ne sert de lutter, toute tentative de résister serait futile.
Bien sûr que les phéromones font leur travail, mais c’est au-delà de ça. Il est de ces êtres, de ces corps, de ces âmes que l’on doit absolument posséder, au risque d’en perdre la raison si ça nous est refusé. Ça peut devenir obsessif… même si ce n’est rien que pour une nuit. L’être humain veut absolument avoir ce qu’il lui est défendu. Adam et Ève… ça vous rappelle quelque chose?! C’est là où réside le défi, le plaisir. Plus je te repousse et plus je susciterai en toi du désir. C’est le jeu du chat et la souris.
Et puis, éventuellement, un de nous deux fait les premiers pas et tes lèvres viennent se poser sur les miennes. Deux bouches qui s’unissent pour se transformer en un baiser, tes mains qui m’agrippent pour me rapprocher de ton corps tendu, les frissons qui nous parcourent en nous découvrant l’un et l’autre.
Les corps sont faits pour s’emboîter. Ça n’a rien de savant, de sorcier ou de bien compliqué. C’est aussi élémentaire que ça: Toi + Moi = Un. Deux morceaux de puzzle qui sont parfaitement faits l’un pour l’autre. Qui s’emboîtent naturellement, pour qu’une fois unis, ils ne fassent plus qu’un seul tout.
Et la nature faisant bien les choses, elle s’assure que nous trouvions chaussure à notre pied, faute de continuer notre chemin vers un corps qui se complète mieux au nôtre. «La chimie des corps» ou «l’alchimie des corps», comme je l’appelle, est complexe et si simple à la fois. C’est une science exacte qui ne ment pas. Les morceaux s’emboîtent avec aisance comme s’ils s’étaient toujours connus. Comme s’ils avaient été fabriqués l’un pour l’autre. Impossible de forcer ou prétendre quoi que ce soit, même avec la meilleure des volontés.
L’alchimie des corps va au-delà de la chimie sexuelle entre deux êtres. Quand je parle de morceaux qui s’emboîtent, c’est toutes ces petites choses qui rendent l’autre si irrésistible. Tous ces morceaux de peau, de chaire, d’os qui nous rendent accro. Un creux d’épaule parfaitement fabriqué pour que notre tête s’y dépose. Des hanches juste assez rondes pour s’y accrocher, une odeur bien spéciale qui nous ensorcelle chaque fois que l’on glisse notre visage près de son cou, des seins chauds et accueillants où on a envie de s’oublier. Une bouche, qui d’ordinaire ne correspondrait pas à notre «genre» de bouche, mais dont on ne peut se lasser. Comme si nos corps s’étaient toujours connus et s’attendaient depuis longtemps.
Pourquoi certains corps nous font autant vibrer? Ces corps qui peuvent paraître banals pour d’autres, mais qui déclenchent en nous une vague déferlante d’émotions et de désir? Que juste à l’idée des taches de rousseur qui parsèment ton dos, mon cœur se mette à battre plus fort? C’est là que réside la magie de l’alchimie des corps. Elle est inexplicable, mais ô combien puissante. Nous en sommes victimes et bourreaux à la fois. L’alchimie des corps ne se commande pas, elle se vit, se savoure en espérant qu’elle ne s’éteigne pas.
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