Le réveil sonne. Je me lève (OK, j’ai snoozé). J’enfile mes vêtements de sport et je change de pièce pour aller m’entraîner. Après la douche, le café, etc., je change de pièce pour aller travailler. Car on est en télétravail. À la fin de la journée, j’éteins mon ordinateur et je change de pièce pour me faire à souper, écouter Netflix, faire des appels FaceTime si je ne suis pas à bout des meetings Zoom de la journée… Tout ça sous le regard de mon chat, Gaston. Et on recommence le lendemain.
Oui, je sors, pour aller faire l’épicerie et des commissions. Je peux aller visiter une personne seule ou recevoir des visites d’une personne à la fois. Donc ça m’a pris du temps avant de me rendre compte que j’étais affectée par les mesures sanitaires et la pandémie. À la base, je suis quelqu’un qui aime la solitude. Quand j’avais un coloc, en début de pandémie, j’aimais le fait qu’il parte travailler et qu’il ait des horaires atypiques qui faisaient que j’avais beaucoup de temps seule. Je ne suis pas du genre à toujours avoir besoin d’une présence. Pour moi, c’est un luxe de pouvoir me partir une bonne série avec un verre de vin et de faire ce que je veux quand je veux.
Mais on est en décembre. On vient de passer à travers le mois de novembre (le pire mois de l’année en ce qui me concerne, le manque de lumière et l’arrivée du froid me dépriment). Et là, tu ajoutes à ça la pandémie: je ne peux pas voir ma famille, je peux voir une amie à la fois si elle décide de délaisser son copain pour moi le temps d’une soirée, je suis enfermée entre quatre murs, je ne peux aller au gym…
Soudainement, la solitude, je l’apprécie moins. Je comprends maintenant ce qu’ils disaient dans les médias, lors du premier confinement, à l’effet les gens seuls en arrachaient. En ce moment, la liberté que m’offrait le fait de ne pas avoir encore trouvé chaussure à mon pied et fondé une famille, elle est moins attrayante, moins agréable. Je voudrais une famille avec qui passer le temps des Fêtes. Je voudrais avoir à gérer des enfants pendant mon télétravail (oui, oui, je sais que c’est pas le fun pour vous, les mamans, mais je vous envie même pour ça!).
Quand le gouvernement a «annulé» Noël, j’ai ressenti une angoisse indescriptible à l’idée que je passerais peut-être cette fête très importante pour moi, seule. Mais nous nous étions entendus, dans ma famille immédiate (nous sommes 5), pour se voir quand même, de façon prudente. Puis, ma mère a changé d’idée et a elle aussi «annulé» Noël. C’est à ce moment que la solitude m’a le plus envahie. Moi, qui était si bien seule habituellement, je ne pouvais concevoir que je passerais cette période des Fêtes seule chez moi. En fait, je ne pouvais concevoir que tous les gens seuls du Québec soient laissés pour compte de cette façon à Noël. Je trouvais ça inhumain.
J’en ai voulu au gouvernement et à ma mère. Puis, j’en ai voulu aux gens sur les réseaux sociaux qui ne semblaient pas comprendre ou réaliser que des gens allaient passer les Fêtes seuls!!! D’un côté, certains prônaient les règles établies et lançaient comme message à leurs abonnés d’écouter le gouvernement si on voulait s’en sortir. C’était un sacrifice à faire, disaient-ils, entourés de leur famille qui réside au même domicile qu’eux. De l’autre côté, je voyais des influenceurs se plaindre que cette année, tant qu’à être «juste nous 4» (en parlant de leur famille), ils allaient s’envoler dans le sud. Pauvre toi, être avec ta petite famille de quatre… OK, et les gens SEULS? Les premiers faisaient en sorte que je me sentais incomprise et oubliée, tandis que les autres me donnaient l’impression de se plaindre le ventre plein.
Bref, les règles ont changé, je peux désormais aller dans une bulle familiale (je savais bien que ça n’avait pas de bon sens). Je suis soulagée, mais je réalise qu’être une personne seule en temps de pandémie, c’est difficile. Plus difficile que je croyais. Appelez vos amis et votre famille qui sont seuls pendant le temps des Fêtes. Prenez de leur nouvelles. Invitez-les dans votre bulle familiale. Soyez sensibles à leur situation et allez les visiter (un à la fois) si c’est possible pour vous.
Joyeux Noël!!!
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G.