On entend souvent dire d’une femme enceinte qu’elle ne veut pas qu’une inconnue l’approche pour parler de sa bedaine et commence à la toucher, avec ou sans sa permission. Je les comprends tout à fait, je n’aimerais pas me faire tâter la bedaine de tous bords, tous côtés. Sauf que parfois, j’aimerais bien qu’on me parle de ma grossesse, qu’on y fasse allusion, du moins.
Je vous explique.
Je suis présentement à la toute fin de ma deuxième grossesse. À 37 semaines, plus précisément. Bébé est donc à terme et mon ventre est gros et rond comme jamais. Cependant, non seulement on ne mentionne jamais ma grossesse, mais on porte des attentions particulières auprès de mes amies qui sont aussi enceintes, tout en m’ignorant complètement.
Par exemple, dernièrement je suis allée me faire faire une pédicure avec une amie enceinte de 3 semaines de plus que moi. Celle-ci a eu le droit à de nombreux beaux commentaires sur son ventre, à des questions sur le sexe du bébé, son prénom, etc. Elle a même eu de l’aide pour monter et descendre du fauteuil qui est surélevé sur une plate-forme. Pendant ce temps, je suis à côté, j’ai autant de difficulté à monter sur ledit fauteuil et j’ai autant le goût de me faire dire que c’est pour bientôt et que je dois donc avoir hâte de voir mon bébé… mais non! Absolument rien.
Pourquoi?
Parce que je suis grosse. Je suis en surpoids depuis toujours et étant enceinte, les gens n’osent pas se prononcer. Je sais ce qui se passe dans leur tête. Ils doivent se dire: «Est-ce un bébé ou quelques poutines de trop?».
Les gens sont donc respectueux, parce que vaut mieux ignorer une grosse enceinte que de questionner une grosse qui ne l’est pas et créer le plus gros malaise de la Terre.
À ma première grossesse, j’ai vécu exactement la même chose et je comprenais davantage parce que mon ventre était petit et pas si rond. Ça pouvait porter à confusion si tu ne savais pas.
Dans un marché de Noël, on avait offert une dégustation de nourriture à une amie enceinte de 2 semaines de plus que moi sous prétexte que le bébé aimerait cette petite bouchée sucrée. Et pour moi… absolument rien, aucune bouchée pour mon bébé. Je comprenais que c’était moins clair, mais ça blesse un peu tout de même.
Par contre, en ce moment, je ne peux pas croire qu’il y ait encore une ambiguïté dans la tête du monde. Il y a quelques poutines là-dedans, en effet, mais aussi un gros bébé de 8 lbs qui s’en vient dans deux semaines. Je ne peux pas être mal faite à ce point-là, Seigneur!
C’est donc ça être la grosse enceinte. Se faire ignorer malgré les douleurs, ne pas se faire offrir un siège dans les transports en commun parce que les gens sont «polis» et ne veulent pas prendre la chance d’offusquer une grosse qui n’est pas proportionnelle.
On me dit souvent que ça doit être à cause de la pandémie, que le gens ne veulent pas approcher les autres ces temps-ci. Oui, mais non. J’ai vécu la même chose à ma grossesse précédente et mes amies qui se font aborder à ce sujet présentement sont aussi en pandémie, t’sais.
J’essaie de voir le positif et de me répéter que les gens préfèrent s’abstenir que de faire un commentaire qui pourrait me blesser…
Finalement, cette semaine, un miracle s’est enfin produit! J’entrais dans un magasin et une dame assez âgée me dit:
– «Ouh! C’est pour bientôt!»
– «Oh oui! Très bientôt, madame!»
Elle ne le sait pas, mais elle restera ma petite victoire de ce qui est, probablement, ma dernière grossesse. Merci madame d’avoir osé un commentaire 💕.
L.