29 ans et plus toutes mes dents, malgré le fait que mon manque de sagesse n’est pas qu’une question de dentition, malheureusement. Je suis officiellement tout proche de la trentaine, ces âges disgracieux et gênants qu’on ne mentionne qu’a demi-voix et qui sont bien trop élevés pour compter sur le bout des doigts et des orteils réunis.
Si l’on m’avait demandé de visualiser ma vie d’adulte il y a une quinzaine d’années, je vous aurais décrit avec évidence et nonchalance mon condo très beige, mon fiancé très éduqué, mon solitaire très brillant et ma cuisine bien remplie. J’avais des plans, des plans d’avenir. J’allais être trophy wife. Les scènes des films des années 50 comportant des femmes vêtues de robes à crinolines, leurs cous arborant des rangées de perles ne gênant aucunement leur capacité a faire des plaques et des plaques de biscuits, le tout avec un nouveau-né accroché au bras, étaient pour moi des symboles illustrant la réussite et l’accomplissement, au féminin. Par contre, après avoir écouté Mes sœurs suffragettes à répétition, ma vie imaginaire telle que je la connaissais a basculé.
Ne serait-ce que pour confirmer la théorie de celles qui lisent mes mots, incrédules, en se disant que Mary Poppins a changé ma vie, je vous rassure, je n’étais pas sérieuse. Ce qui a changé ma vision très conservatrice fut en fait, la vie elle-même. Au fil des ans, me battant corps et âme pour préserver ce rôle dépassé de la femme conciliante qui se fait du souci sur sa première ride et dont le reflet au miroir pèse sur sa vie (merci Cookie Dingler), j’ai dépassé mes grands maux et mes bien plus grands moyens pour me définir plutôt comme ayant des avis sur tout.
Faute et forte de caractère, la soumission et la servitude n’étaient tout simplement pas inscrits dans le chemin de ma vie. J’étais trop pour ça. Pas trop dans le sens de trop bien, juste… trop ou pas assez. J’avais une soif d’envie, de découverte, d’échecs et de défis. Je voulais faire le tour du monde à petits pas et refaire ce dernier à coup de plumes. Je voulais m’enfuir et rebâtir plutôt que de me noyer dans une nostalgie qui ne saurait être évoquée que par des souvenirs éparpillés. Je veux me battre pour celles qui ne le peuvent et m’occuper de moi-même. Je ne veux pas être dépendante de quelqu’un mais surtout, je ne veux pas qu’on soit dépendant de moi. Rendre des comptes, c’est une affaire de comptabilité. Les reproches, c’est démodé et moi, eh bien je me qualifie comme femme libérée et vous savez, être une femme libérée, c’est pas si facile.
Donc comme cadeau d’anniversaire cette année, je me suis auto-nominée. Je ne suis peut-être la princesse de personne, mais je peux tout de même me couronner reine de mon propre monde, du moins pour aujourd’hui et probablement demain aussi.
À lire aussi: Empowerment au féminin
Gmz.
Source photo: Unsplash