Au fil des années, mon travail m’a amenée à côtoyer le côté obscur des gens plus souvent qu’autrement. Le vrai côté obscur, le dark side. Ça n’a rien à voir avec les deux ou trois défauts que l’on nomme lors d’une entrevue d’embauche pour paraître humble et critique envers nous-même. «Je ne suis pas capable de dire non et il m’arrive d’être en retard», des défauts assez ennuyants et stéréotypés. On les nomme parce qu’il faut bien dire quelque chose, et probablement parce que quelqu’un nous en a déjà fait la remarque.
Notre dark side, on ne le montre pas, on n’en parle pas, donc personne ne peut nous le refléter. C’est une partie de nous qui est creuse, taboue, où on y cache des émotions comme la jalousie, la haine, la colère, le désir de vengeance et l’envie. Imaginez-vous pendant une entrevue: «Vous voulez savoir mes défauts? Je convoite en secret le chum d’une de mes amies et j’ai déjà souhaité qu’une fille que je n’aime pas aie un accident de voiture. Alors j’ai l’emploi?» (exemples fictifs, soit dit en passant). On ne parle que rarement de ces sujets entre amis, encore moins pendant une entrevue. Pourtant, c’est là que se cachent nos véritables défauts. Faire face au côté plus ou moins reluisant de notre personnalité nous donne la possibilité de comprendre pourquoi il en est ainsi, et de s’améliorer en tant qu’être humain.
Mes expériences m’ont amenée à entendre des tonnes d’histoires, à un point où j’ai l’impression qu’il n’y a rien que je n’ai pas déjà entendu. À un point où je pense sincèrement que tout le monde a un côté obscur qu’il essaie de cacher au plus profond de son être. Comme un bouton plein de pus dont personne ne doit connaître l’existence.
J’ai toutefois remarqué que certaines personnes laissent transparaître cette noirceur dans leur regard et dans leurs paroles. Peut-être parce qu’ils sont dans une période difficile de leur vie où ils peinent à cacher tous ces indices. Ils ont un regard coupable, comme si un crime avait été commis. Si les sept péchés capitaux ont jadis été à éviter à tout prix, ils font aujourd’hui partie de la nature humaine, qu’on le veuille ou non. Cela dit, j’ai beaucoup d’admiration pour les gens viennent s’asseoir dans mon bureau et qui me parlent comme des livres ouverts de toutes ces émotions qui les font sentir si honteux. Ils ont l’impression d’être des mauvaises personnes pour avoir été jaloux ou pour avoir envié la situation de quelqu’un. Au contraire, le fait de prendre contact avec ces émotions et de les assumer en font plutôt des personnes très humbles à mon sens.
Et vous, où en êtes-vous avec votre dark side?
Clau.
Source photo: Pexels