J’étais seule depuis quelques années et j’étais heureuse comme ça. Oui, j’avais hâte de rencontrer «ma» personne, mais pas à n’importe quel prix. Puis, tu es arrivé dans un moment difficile de ma vie, lorsque je venais de perdre un être cher. À ce moment, ta présence et ton support me faisaient tellement de bien, que j’ai fermé les yeux sur les petites choses, qu’en temps normal je n’aurais pas tolérées.
Vint notre première chicane, où tu décidas de partir en plein milieu de la dispute sans ne rien me dire et en me laissant là à pleurer, sans vraiment savoir pourquoi. Je te suppliai de revenir, ce que tu fis, comme à toutes les autres fois. Je restais attachée, même si au fond de moi je savais que tu n’étais pas le bon et que la fin de notre histoire était imminente, sans trop savoir ce qui me retenait.
Je me rappelle d’une autre dispute où tu m’as hurlé dessus pour la première fois, et j’étais là, figée, et ne faisais que pleurer. Trop apeurée pour parler et risquer de te fâcher encore plus. Plus tu étais fâché, plus tes paroles étaient blessantes. Puis vinrent les premiers «Ta gueule» et «Ferme-la»… Encore là, j’étais figée et je n’étais pas capable de te répondre, car je ne voulais pas te voir partir.
Je suis quelqu’un qui a un grand cercle d’amis, une grande famille et des sorties plusieurs fois par semaine. Mais toi, tu n’avais pas vraiment d’amis et tu me faisais toujours sentir mal de te laisser seul à la maison. J’ai donc commencé à m’éloigner de certains amis, à réduire les sorties, et même, à moins voir ma famille pour toi. Pour te faire plaisir. Tes amis et ta famille, je ne les connaissais pas. Tu ne voulais pas me les présenter, car selon tes dires, je n’étais «pas présentable».
Tu m’as fait me remettre en question, j’en suis venue à penser que j’étais une mauvaise personne. Que j’étais un monstre pour tout ce que je te faisais vivre. Tu disais toujours que je te manipulais, que je jouais avec tes sentiments.
Et puis, il y a eu cette soirée durant laquelle tu es allé trop loin, et où j’ai décidé que c’en était assez. J’ai ouvert mes yeux et j’ai réalisé cette violence. Tu étais un homme violent, rempli de rage. On pense souvent que la violence est seulement physique, mais elle peut aussi être verbale. Pour l’avoir vécu, elle est beaucoup plus dure à détecter, mais aussi violente que la violence physique. La personne nous manipule et nous fait croire que nous sommes la mauvaise personne, que nous sommes le monstre. Mais en réalité, c’était lui, le monstre.
Je restais pour essayer de te sauver, mais je mérite mieux que ça, je mérite mieux que toi. Je m’en suis sortie, mais chaque jour, je me demande ce qui serait arrivé si j’étais restée…
À lire aussi: Quand la violence conjugale ne laisse pas de marque visibles
Anonyme
Source photo: Unsplash