Au secondaire, nous étions une belle grosse gang. Pour vrai, on se suivait partout. On était en sport-études, alors on avait tous le même horaire. Certains d’entre nous se connaissaient depuis le primaire. On s’encourageait chacun dans nos sports, on dînait ensemble, on étudiait ensemble. On s’est promis de garder contact, toujours. Puis le bal des finissants, puis l’after, tout un after. Puis trois mois plus tard, la remise des diplômes… Trois mois déjà avaient passé. Nous avions tous pris des chemins différents. Différents cégeps, différentes villes, différents projets de futurs.
J’ai trouvé cette étape difficile. Alors inconsciemment, j’ai décidé que je n’aurais plus d’amis. Oui. J’ai décidé que je n’aurais pu la souffrance de perdre des amis. Et j’ai trouvé l’étape du cégep très difficile. Seule, face à des milliers d’inconnus. Seule dans mes pauses. Seule lorsque venait le temps de se mettre en équipe. Mais c’était mon choix. À la première session, j’ai brisé cette carapace avec une étudiante qui semblait, tout comme moi, là pour la bonne raison d’étudier. On se comprenait. Timides toutes les deux. Mais elle a quitté la technique et on ne s’est pas revues, pendant 5 ans.
Puis, je suis devenue adulte. Et ma mère m’avait toujours dit qu’au fil des années, notre cercle d’amis ne cessait de se refermer. Je croyais donc que ma vie, mon monde, c’était qui j’avais à l’époque (une chance que j’ai 5 sœurs et ben des cousins!).
Et là, tout a changé. J’ai réalisé peu à peu, qu’une fois adulte, une fois établi, il est plus facile de reconnaître les gens avec qui tu souhaites partager ta vie, les gens qui ont des plans similaires, un mode de vie similaire.
Mon travail m’a apporté des amies pour la vie. Eh oui. Depuis 5 ans, je travaille au même endroit. J’en ai vu des gens passer. Des gens anodins, des relations professionnelles, puis ELLES.
On a commencé, on était 2. Deux jeunes éducatrices, aux passés difficiles. On s’est supportées, on s’est conseillées. Puis une troisième est arrivée dans notre duo. Et aujourd’hui, nous sommes 6 poulettes. Et savez-vous ce qui est le plus magique? C’est que ma première amie du cégep, perdue de vue depuis, y est! Le destin, la vie font bien les choses.
Plusieurs ne sont plus employés avec nous, mais l’amitié, elle, ne disparaîtra jamais. On a des duos plus serrés, on a des ajouts occasionnels, mais l’important, c’est que dès qu’on le peut, on se retrouve, toutes ensemble. On a vécu les grossesses les unes des autres. On a connu les séparations, les déménagements, les nouvelles fréquentations. On connaît tout l’une des autres. Nos soirées sont nos journaux intimes. C’est une soirée pour relâcher tout ce qui nous chicote à l’intérieur. Nous ne sommes pas là pour juger, parfois on conseille, sans plus. On se laisse vivre nos échecs, tout en se brassant un peu quand besoin est.
Mon amie, je t’ai choisie. Merci de faire partie de ma vie.
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R.
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