ÉTATS D'ÂME STYLE DE VIE TEXTES DE E. x

L’âge de raison

Depuis que je suis petite, j’ai hâte d’être grande. De pouvoir vivre comme une «adulte», sans parents ou forme d’autorité pour me dicter quoi faire ou ne pas faire. Qu’on me laisse vivre ma vie comme je l’entends.

Je dirais que mes 20 dernières années se sont résumées à ça: une vie de célibataire libre, décousue, enchaînant les «matchs» sans lendemain et en parallèle, un parcours professionnel un peu bancal. J’étais à la recherche de solides engagements… sans vraiment vouloir m’embarquer à 100%, peu importe ce que je faisais. Je revendiquait mon statut de femme indépendante, refusant de suivre la norme, mais tout en m’assurant de respecter les règles dictées par la société. Je criais haut et fort que je me foutais bien de l’opinion des autres alors que ça comptait énormément. Paradoxe, paradoxe…

Bien évidemment, avec les années se sont enchaînées des responsabilités, mais j’essayais toujours de les rendre le moins contraignantes possible. Par tous les moyens, je me faufilais à travers les filets de la vie d’adulte et ça fonctionnait plutôt bien. Je maintenais les standards que je m’étais fixés.

Contrairement à mes amies que j’ai vu emprunter le «chemin de la raison» assez rapidement, je n’arrivais pas à m’y résoudre. C’est simple, je n’en avais aucune envie et avec du recul, je crois que cela me faisait très peur. J’avais peur de devenir fade et sans saveurs si je finissais par me ranger. Que mon petit «je ne sais quoi», que ma marque de commerce que je croyais me rendre unique, tombe aux oubliettes et que je devienne l’ombre de moi-même. Vous savez, comme ces gens que l’on recroise à l’occasion, dont on se souvient avec tant de panache et qui ont finalement mal vieilli. Non, ce n’était pas moi et je me plaisais à entretenir ce petit côté rebelle qui pouvait tant charmer… surtout les hommes.

J’ai toujours vécu ma vie comme je le voulais. Déjà, en quittant le nid familial très tôt, j’étais à la recherche d’émancipation, d’expériences, de frissons, de folies et le moins de responsabilités possible. Le projet maison, bébé et tout le tralala… pas pour moi! Étouffant à souhait, trop demandant pour la femme que j’étais, je me répétais que l’univers avait d’autres plans pour moi. Plans dont j’ignorais totalement l’existence, soit dit en passant; je n’arrivais pas à me projeter dans un autre mode de vie que celui que j’avais toujours entretenu. Tel un cheval dans la Pampa en Argentine, je voulais galoper, libre, sans brides, quitte à ce que mort s’en suive. Au moins, j’aurai vécu!

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Tout ce que je voulais expérimenter, en grande partie, je l’ai fait. Ah! Pour vivre, ça j’ai vécu! J’ai brûlé la chandelle par les deux bouts encore et encore. Il y avait urgence de vivre qui m’habitait et ça me maintenait en vie. Vite, intensément, sans limites ou retenue, toujours plus. Comme si j’avais une épée de Damoclès au-dessus de la tête et qu’il ne fallait pas perdre une seconde. Comme si le compte à rebours de ma vie me talonnait sans cesse, je fonçais tête baissée à 100 milles à l’heure, sans trop savoir si j’étais dans la bonne direction.

Il y a encore peu de temps, mon héroïne préférée était Bridget Jones. Comme elle, j’étais condamnée à fréquenter des losers, je buvais trop et je finirais telle Glenn Close dans Fatal Attraction… J’aimais m’identifier à cette héroïne imparfaite. Ça me rassurait de me dire que son auteur avait été inspiré par des femmes réelles pour inventer un personnage aussi coloré. Il y avait donc encore un peu d’espoir pour moi!

Mais la vie est drôlement faite. J’ai récemment regardé les aventures de Mrs. Jones en espérant retrouver une complice, comme dans le bon vieux temps… et j’ai été déçue. Bridget et moi avons vieilli: la mayonnaise ne prend plus. Et puis, ça fait un moment déjà que je sens du mouvement en moi. Une certaine maturité qui ne date pas d’hier, mais qui a pris du temps à se manifester. Du moins jusqu’à ce que je décide de lui faire de la place, car je crois que jusqu’à présent, je n’étais pas prête.

Je ne sais pas si c’est tranquillement l’approche de la quarantaine qui se fait sentir, mais je relativise de plus en plus. J’ai envie de me poser, de calme, de m’investir vraiment, de chérir certaines relations au profit d’autres. Je choisis mes batailles; l’époque de nourrir des relations toxiques (amicales et amoureuses), de devoir me justifier à tout prix, de me torturer pour des paroles dites maladroitement, est révolue. Je n’ai plus l’énergie ni l’envie de continuer dans cette voie-là. La femme vindicative et rebelle est toujours là, simplement assagie.

Et c’est là que j’ai réalisé que c’était peut-être ça, le début de l’âge de raison. Il m’en aura fallu du temps!

Je me choisis MOI, sans nécessairement avoir besoin de l’approbation des autres dont je me nourrissais tant. Je continue mon petit bout de chemin, en gardant près de mon cœur ceux qui sont prêts à suivre cette nouvelle version de moi-même, que j’apprends aussi à découvrir, jour après jour. Je répète depuis longtemps qu’être bien avec soi-même, c’est le travail d’une vie et j’ai l’impression que la mienne vient à peine de commencer. C’est une belle aventure qui s’amorce!

Une femme que j’admire beaucoup m’a dit un jour que les barrières étaient faites pour être sautées. Même si j’en ai franchi plusieurs, mes jambes, mon cœur et ma tête sont toujours partantes pour de nouvelles aventures… un peu plus raisonnées.

 

 

 

 

E.

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Champagne & Confetti

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