T’sais quand jsuis tombée enceinte, secrètement un peu comme bien des filles, je rêvais d’une petite princesse. C’était rassurant, un terrain connu, je savais comment dealer avec ça, une fille, c’était mon univers.
Pis la les feelings de la grossesse sont arrivés; nausées, insomnie, pipi aux 2 minutes, le rêve quoi #NOT…! Mettons que c’était ben loin de l’idéalisation que je m’étais faite de la grossesse.
Mon ventre s’est arrondi, pis au même moment, j’ai commencé à avoir un regard différent sur les enfants que je croisais dans la rue, dans mon quotidien. C’est devenu tellement secondaire et superflu, le sexe du bébé, je voulais juste que tu sois en parfaite santé. J’avais peur, j’appréhendais tout ce qui pourrait t’arriver. Je me sécurisais en me disant que le temps que tu faisais ta maison dans mon bedon, j’avais au moins le pouvoir de te protéger.
Puis, est venue l’échographie qui m’a confirmé que tu étais un garçon. J’étais loin d’imaginer à ce moment là que j’allais trouver en toi l’homme de ma vie. Toi, Noah, mon petit bout de personne qui a changé ma vie, qui m’a changée moi. Tu as non seulement changé mon univers, tu es devenu mon univers.
Je dois t’avouer qu’avoir un garçon, c’est spécial. C’est le sexe opposé; j’ai pas de penis, donc je ne pense pas comme un gars, mais je fais de mon mieux pour te comprendre.
Ma référence en matière d’homme, c’est mon papa et les hommes qui ont partagé ma vie. Mais personne m’a donné de mode d’emploi qui explique quoi faire quand tu crées un être humain mâle et que tu veux en faire la meilleure version possible?
Puis là, tu as posé ce regard sur moi qui, autre que mon père pour qui je suis son univers à lui, je n’avais jamais vu dans les yeux d’un homme à mon égard. Cet amour pur et admiratif que tu émanais de tes grands yeux bruns quand on s’est regardés yeux dans les yeux pour la toute première fois le 3 janvier 2017.
Je t’avais tellement idéalisé. Tu aurais les cheveux bruns, les yeux verts comme ton père, tu ferais des phrases complètes à 1 an puisque je suis volubile sans bon sens, tu serais un grand sportif comme ton grand-père et un médecin surdoué parce que c’est un métier honorable pis je serais ben fière d’avoir un fils docteur.
Au final, à part les cheveux bruns, j’avais tout faux. Tu es toi et c’est encore mieux que ce que j’aurais jamais osé rêver.
Tu as marché à 11 mois, tu as toujours été très moteur. Tu cours, tu sautes, tu grimpes, tu ris tout le temps. Tu aimes tout le monde, tu es tellement affectueux que parfois ça me fait peur… Je me fais les pires scénarios en me disant que tu partirais avec n’importe qui tellement tu es sociable.
Tu es dans ta phase Avengers sur un méchant temps. Tu fais des POW POW avec tout ce qui te tombe sous la main. Tu capotes sur les épées, les superhéros, les autos, les Legos. Pour le moment j’ai abandonné l’idée que tu sois médecin, tu t’enlignes plus pour être un champion de UFC, un pompier ou dans la construction… pis c’est ben correct de même, car au final, ma plus grande aspiration pour toi, c’est que tu sois heureux.
À l’aube de tes 2 ans, je me suis mise à m’inquiéter de ton langage qui n’était pas fluide et difficile à comprendre. Au départ, je me disais que tu étais encore très jeune, que tu étais un garçon et que c était plus long chez les petits gars.
J’ai demandé conseil, je t’ai comparé aux autres et mon anxiété a augmenté. Je voulais tellement pas que tu te sentes différent ou pire encore, que tu sois victime de rejet ou d’intimidation.
Puis, j’ai entamé le processus afin de te faire évaluer en orthophonie puis le verdict que j’appréhendais eu l’effet d’une bombe sur moi. Tu avais un retard de langage… le premier homme de ma vie, ton grand-père, a du vivre avec ce handicap langagier toute sa vie et encore à ce jour, c’est un combat éternel. Cela semble si banal de ne pas bien s’exprimer, mais la personne qui le vit, chaque seconde de sa vie, c’est une montagne à surmonter. Pour moi, ta maman qui possède un naturel inné pour communiquer, je suis dans le néant.
J’ai vu mon papa pleurer, faire rire de lui et devenir l’ombre de lui-même à cause de cet handicap à apparence si banale, mais si lourd.
Tu es en parfaite santé, tu as toutes tes facultés mentales, tu es exceptionnel, mon garçon, mais pour toi, il sera plus long avant de me partager tes émotions… Je veux que tu saches que j’ai tout mis en place pour t’aider, te soutenir et te faire progresser. Maman c’est une guerrière puis elle ne te laissera jamais tomber.
Un jour, tu liras ces quelques lignes et j’espère que tu comprendras que tous ces rendez-vous chez l’orthophoniste, l’ergothérapeute, l’ORL que je t’ai imposés étaient en réalité que pour t’aider.
Je t’aime mon fils!
De ta maman Manessa… c’est pas facile les V…. ❤️❤️❤️
À lire aussi:
Lettre à mes enfants trop grands
Lettre à mon enfant à naître
Lettre à ma future fille
Van.
Source photo: Unsplash