Je n’ose même pas y penser. Le 29 septembre, j’aurai 25 ans.
Comment dire… Ça va peut-être te faire rire, mais je suis effrayée. Je recule près de 10 ans en arrière, où l’on écrivait nos vœux dans un album de finissants et qu’on se projetait dans l’avenir.
J’étais rêveuse, déterminée. J’avais une tête de cochon. Juste pour te donner une idée, j’ai changé de cavalier quelques semaines avant le bal, parce qu’il voulait décider de la couleur de ma robe!
Je voulais avoir des enfants tôt. Mon premier avant 25 ans, c’était non négociable. C’était ma vie. J’étais grande soeur et tout ce dont je rêvais, c’était de revivre cette amour, à moi. Je voulais également devenir famille d’accueil, tellement d’enfant dans le besoin, et j’avais tellement d’amour à partager. Je voulais être une bonne maman. Pas que la mienne l’a pas été, au contraire, mais sa passion, c’était de travailler.
Au secondaire, j’étais studieuse. Une bonne élève, une bonne amie, dans une bonne famille. Faut dire que j’étais l’aînée d’une grosse famille, j’avais pas le choix d’être le modèle…
Je voulais faire un DEC en éducation spécialisée, puis aller à l’université, tout ça en étant autonome, indépendante de ses parents, trouver l’amour & avoir des enfants?!
Je suis vite tombée en bas de mon nuage. Fu*k que la vie d’adulte est pas évidente. 9 ans plus tard, un double DEC, propriétaire d’une maison, directrice d’une garderie. En résumé, j’ai pas d’enfants & pas trouvé le père de ceux-ci. Quel échec.
Non mais… c’est tu moi qui suis pas normale? De regarder ma vie, comme si elle était à ses derniers jours, et avoir autant de regrets?
Pourquoi toujours ce besoin d’attendre au lieu de vivre le présent? Pourquoi toujours ce besoin de regarder ce qu’on n’a pas au lieu de ce qu’on a accompli? Quand je m’arrête, pour regarder chaque sphère de ma vie, j’en suis comblée, du moins je crois. Mais quand je regarde l’ensemble, je comprends pas, y’a de quoi qui va pas.
Je regarde ma vie, du haut de mes 24 ans [oh oui, pour l’instant, j’ai 24 ans] et je me demande ce qui m’a rendue aussi exigeante envers moi-même. Est-ce la société? Mon entourage? Ou juste moi?
Toujours ce sentiment de compétition avec le monde. Vivre pour les autres. Et pourquoi pas tenter d’être moi?
Depuis peu, je me donne le défi de prendre un 30 minutes par jour, à faire une to do list et tenter de l’accomplir, mais je perds vite espoir. Ça ne dure jamais longtemps mon dévouement! Pourtant, dans tout ce que j’entreprends, je suis une leader! Je motive le monde, je fais des heures de fou, et j’aime ça. Mais quand c’est le temps de me regarder un peu le nombril, de faire face à ce que je vois dans le miroir, c’est plus complexe…
Tout ça pour dire, à toi, qui comme moi, pensais qu’hier, était aujourd’hui et que finalement peut-être demain… Arrête d’attendre la permission de vivre. Mieux vaut se tromper, recommencer pis avoir des histoires à raconter, que de se réveiller à 30 ans avec le même raisonnement…
R.
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