Il y a déjà plusieurs années, j’ai pris la décision que j’éliminais les gens méchants de mon entourage. Je suis drastique à ce point: terminé, l’accumulation de coups de poignard dans le dos, les magouilles, les tractations de mauvaise foi et les malversations de tout acabit. Je les ai juste effacés de mon présent, sans toutefois oublier le passé, mais en tentant de ne pas gaspiller mes précieuses énergies à les détester. Leur existence est seulement oubliée par mon conscient: comme s’ils n’avaient juste jamais croisé mon chemin.
Toutefois, certaines personnes semblent plus difficiles à rayer de mon environnement que d’autres. La vie m’oblige à les revoir sans arrêt. Bien entendu, il m’est possible de faire en sorte que ça ne se passe pas, mais je déteste devoir me priver d’occasions uniques pour éviter de raviver des plaies.
Pour ma part, toutes ces coupures étaient définitives et sans retour. Mais dans les faits, je ne peux pas exiger de mon entourage qu’ils agissent tous comme moi: pour différentes raisons, dont la plupart me semblent complètement incompréhensibles ou distordues, ils ne peuvent pas faire abstraction de l’existence de ces personnes. Quant à moi, j’ai énormément de défauts, mais l’hypocrisie n’en fait absolument pas partie. Je suis transparente jusqu’au bout des doigts et toute personne me connaissant le moindrement saura vous le confirmer: tout me paraît dans le visage!
À force de me faire répéter de faire plaisir à telle personne ou d’éviter de faire de la peine à d’autres ou de cesser d’être en colère parce que ça fait longtemps, j’en viens à me demander pour qui je fais mes choix, parfois… J’aimerais bien vivre pour moi seule, mais il y a toujours des dommages collatéraux à nos comportements. Donc, si je suis fidèle à moi-même, je peux facilement ignorer ces personnes, refuser leurs marques de fausse politesse et dénigrer leur masque de gentillesse. Mais comme mon visage est excessivement communicatif, rien ne passera inaperçu et des gens à qui je tiens risquent de s’apercevoir que je joue un personnage, en plus de ne pas comprendre tous les tenants et aboutissants de la situation.
Toujours dans le but d’être cohérente avec ma propre personne, je peux tout simplement décliner l’invitation en expliquant les véritables raisons, mais mon absence créera de la déception, en plus de potentiellement priver mon fils d’un évènement qui pourrait lui être agréable. Je peux aussi déballer mon sac aux méchants concernés, mais c’est un risque de déclencher des hostilités et de les voir se multiplier de façon exponentielle. Il y a aussi l’option de faire comme si de rien n’était, mais encore là, mon visage me trahira. Il n’y a donc pas de solution parfaite: l’évitement, la confrontation ou l’hypocrisie ne sont pas à considérer…
J’en viens donc à la conclusion que, même si je veux sortir les méchantes personnes de ma vie, c’est souvent plus difficile à faire que ce que je prévoyais. Non pas parce que je ne tiens pas parole. Au contraire, je suis le genre de personne qui fait ce qu’elle dit. C’est compliqué, parce que chaque personne a des perceptions différentes de situations passées ou présentes, des appréhensions particulières sur des évènements donnés, des sentiments et ressentis différents et des personnalités uniques. Les réactions et comportements sont propres à chacun.
Moi, je suis capable de sortir des gens de mon existence, mais ce n’est pas le cas de tous. Voici donc le dilemme dans lequel je me trouve depuis plusieurs années. Je n’ai pas encore trouvé comment agir en cohérence avec celle que je suis sans heurter les autres aux passages. Work in progress, encore une fois!
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Sab.
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