On va se le dire, c’est une méchante crise existentielle que madame Terre vit présentement. J’avais tellement envie d’écrire quelque chose de différent, mais j’ai juste ça dans la tête. Je me lève le matin en scrollant mon fil d’actualités et ça parle que de ça. Les annonces publicitaires sont transformées, et ce, même pour les émissions en rediffusion. Dans le haut de tous les sites internet, il y a des mises en garde et le hashtag #restezchezvous est le plus populaire depuis le 15 mars. Cette fameuse date qui passera à l’histoire telle la 3e Guerre mondiale.
Alors, je vais vous dire comment je me sens face à cette lutte, parce que j’ai un gros ressentiment dans le fond de mes tripes. Je n’étais pas prête! Pas prête du tout à ça. On va se le dire, je suis une fille socialement indépendante. C’est quoi une fille socialement indépendante? C’est la fille qui aime ça faire ses affaires toute seule, mais qui a besoin de voir du monde et des endroits vivants autour d’elle. De voir qu’il y a de la vie qui remplit les silences.
Mais en ce moment, je suis 24 heures sur 24 confinée dans ma nouvelle routine et je ne vois pas le bout. Souvent, je souhaite me réveiller et me rendre compte que ce n’est qu’un cauchemar, mais ça fait déjà plusieurs fois que je me pince et c’est bien réel. Je me considère quand même positive dans la vie, mais cette crise me rattrape et j’ai l’impression de devoir me convaincre chaque jour que ça va bien aller.
Je ne peux pas m’empêcher de penser à tous les gens démunis qui se retrouveront sans rien, malgré le fait qu’ils n’ont déjà presque rien. Je pense aussi aux enfants qui sont dans la peur chaque jour, confinés dans leurs propres cauchemars à chaque seconde de leur petite vie. Ces enfants dont la seule source de réconfort et d’amour qu’ils recevaient était donnée par leurs éducateurs à la garderie ou à l’école. Ces femmes ou hommes qui subissent de la violence verbale ou physique et qui pour eux, chaque minute est un pas vers la destruction de leur âme. Pour beaucoup, cette pandémie n’est qu’un repos forcé, mais pour d’autres, chaque journée en est une de plus enfermée dans leur solitude et leur angoisse.
Et il y a aussi les «tatas», ceux qui pensent encore que c’est une joke le coronavirus et qu’ils sont immunisés. Des stupides qui détruisent les efforts que les autres font pour la société et qui ralentissent la sortie victorieuse de cette bataille. J’ai juste envie de leur dire à ces personnes-là: «Vous n’avez pas de cœur! Vous êtes concentrés sur votre petite personne! Essayez de penser aux autres qui vivent des moments angoissant 2 petites minutes et réfléchissez à vos actes je vous en supplie.».
Il y a aussi beaucoup de choses qui ont changé dans ma tête depuis le confinement. Je réalise à quel point je n’ai pas les mêmes valeurs d’éducation sur mes enfants que mon ex. Je réalise aussi que j’avais beaucoup plus de temps pour moi que je pensais, avant que tout ça arrive, malgré le fait que j’avais l’impression d’en manquer! Parce que je peux vous dire qu’entre le lever du soleil et ma coupe de vin du soir, je n’ai pas grands instants pour penser à ce qui me ferait plaisir.
En parlant de vin, je constate aussi que je suis une plus grande buveuse que je pensais, mais ça, ça me fait du bien, faque je le garde! En plus, moi qui étudie en médias, je n’ai jamais regardé aussi souvent les nouvelles de toute ma vie et ça me déprime. Chaque jour, je vois la liste de morts se gonfler, malgré que je me rassure en me disant qu’ici au Québec, nous sommes bien et je souhaite pour tous que ça aille bien pour le futur.
«Ça va bien aller», comme ils disent tous!! Mais ce dicton… c’est quoi au juste? Parce que moi, avant aujourd’hui, ça va bien aller, ça ne me disait rien. Je pensais qu’on disait ça pour se rassurer quand il n’y avait plus de solution… Au fait, je pense que ce hashtag-là, #çavabienaller, m’angoisse plus qu’il me fait du bien.
Pis il y a aussi toute la réorganisation. Sociale, économique, de temps et j’en passe! Plein de gens perdent leur travail, tout le monde se met à appeler ses amis, sa famille sur caméra vidéo. Vive FaceTime et Skype! On économise nos moindres entrées d’argent pour aller faire l’épicerie comme si c’était la fin du monde et tous les commerces dits non-essentiels sont fermés.
Tous les jours, on se fait dire à quel point il est important de magasiner local plus que jamais, mais les Wal-Mart, les Costco et j’en passe restent ouverts. C’est le monde à l’envers. Tout le temps passé à priver nos enfants des écrans le plus possible pour leur santé alors que c’est rendu maintenant une priorité pour la santé mentale de tous!
Puis il y a moi, qui dois recommencer l’école en ligne. Ben oui, toi!! Avec 3 enfants à la maison et toute cette angoisse. Je dois m’improviser étudiante, maman et enseignante sans perdre trop la tête, parce que je suis un pilier de stabilité pour mes enfants. Si je deviens folle avant la fin de la pandémie, qui est-ce qui va rassurer mes enfants sur tous les changements dans leurs habitudes de vie? En plus, quand mes deux plus vieux partent chez leur père, il n’y a pas une journée où je ne ressens pas la peur qu’ils interdisent la garde partagée. D’un coup qu’ils doivent rester chez leur père?! Je ne peux pas m’imaginer vivre sans eux plus d’une semaine (une semaine, c’est déjà assez difficile). D’un coup même, qu’ils tombent malades quand ils ne sont pas avec moi et que je ne peux pas être là pour les rassurer? Si moi je tombe malade? Seigneur, vous voyez bien comment ça tourne dans ma tête.
Rassurez-vous, j’ai les reins solides, je suis capable d’en prendre encore un peu. Mais, ne paniquez pas si vous ressentez la même angoisse étouffante que moi, venez plutôt m’en parler! Je ne suis pas une experte, mais ça me fera plaisir de vous jaser ça! Puis, sachez qu’il y a plein de gens prêts à vous écouter. Ne restez pas seul avec toutes ces inquiétudes. C’est normal!!!
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L.-J.
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