ÉTATS D'ÂME x

De la soie aux ailes

«Qu’est-ce que ça te fait tout ça?»

«Je suis vivante!!»

«Explique-moi, je veux comprendre

Comment expliquer qu’on se sent enfin vivante? Y’a pas de mot plus grand, ou plus fort que vivant. Y’a pas de synonyme ou de superlatif assez puissant. Y’a qu’une image qui me vient en tête! Une chrysalide.

Je suis une chrysalide. En fait, j’étais une chrysalide. Tu sais, c’est la deuxième étape de transformation d’une chenille qui deviendra un papillon. Habituellement, cette étape ne dure que quelques jours. Pendant ce temps, chenille se métamorphose pour devenir magnifique papillon. Selon les espèces, elles tissent ou pas un cocon pour se protéger.

J’ai, moi aussi, fabriqué un cocon autour de moi. Un cocon soyeux, pour satiner mon existence. J’étais en transformation, mais je ne le savais pas. Probablement que je suis d’une espèce rare; celles qui prennent des années à se transformer.

Pendant plusieurs années, ma vie a été tellement abrasive, que je me suis renfermée. Enfermée dans ce qu’il me restait de moi, enfin, ce que je croyais que j’étais devenue, ce à quoi ma vie allait maintenant ressembler.

Puis soudainement, un beau jour de printemps, le vent a poussé mon cocon et ma chrysalide que j’étais. Dans un tourbillon à peine perceptible, je me suis déposée dans un nouvel environnement. Et c’est là que la transformation s’est enclenchée.

Au début, j’étais perdue. Je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait. Physiquement, j’étais semblable ou à peu près identique. Je croyais que c’était juste par en-dedans que tout était en mouvance. Je sentais des fourmis qui bougeaient partout. Bizarre quand on se sens comme une chrysalide… mais bon! Ça va avec moi.

Plus les jours passaient, plus je changeais. Ce que je considérais comme des changements intérieurs, n’avaient pas limité leurs actions à là-dedans. Mon physique était aussi en évolution.

Mon corps s’était mis en pause après mon diagnostic. Ma tête avait gobé toute la littérature, trop souvent pessimiste du pronostic. Sans vraiment m’en rendre compte, j’étais en train de me momifier, comme la chrysalide.

Quand le soleil s’est pointé avec le printemps, j’ai bien senti que quelque chose se passait. Je l’avais déjà vécu, mais c’était si loin dans mes souvenirs que je doutais que cela n’est été qu’un rêve.

Mon cocon s’est effiloché et j’ai commencé à entrevoir la nouvelle bibitte que je devenais. Soudainement, il y avait de l’éclat dans mes yeux, ça brillait. De plus en plus souvent, on voyait mes dents! Ben oui! Parce que je riais à gorge déployée. Ma peau commençait à prendre des couleurs. J’étais belle à voir.

Mon corps a suivi. Ne dit-on pas: «Quand l’esprit va, tout va!»? Alors, il a repris du poil de la bête. Mes jambes suivaient celles des autres. Mes bras étaient aussi agiles que ceux des gens qui m’entouraient. Ma capacité à faire mes journées normales était décuplée.

À l’été, c’était accompli. J’ai sent des ailes qui me poussaient. Elles me poussaient vers une nouvelle vie, vers une nouvelle moi. La chrysalide est devenue papillon. Pis un papillon. C’est pas dans sa nature d’arrêter de voler, de danser, de tournoyer. Alors j’ai décidé d’être comme lui, d’être lui. Montrer mes couleurs, mes capacités, mes forces, mes talents, mes beautés, qui s’étaient cachées.

Mais ce qu’il y a d’encore plus fantastique dans l’histoire de ce papillon, c’est que s’il a réussi à atteindre cet état, c’est qu’il ne l’a pas fait tout seul. Du moment où il a entrouvert son cocon, il a été entouré. Des gens curieux, de voir une telle bibitte arriver comme ça dans dans un battement d’ailes. Ils auraient pu fendre le cocon pour faire sortir d’un coup le papillon, mais ils ne l’ont pas fait. Sans doute, savaient-ils que pour être bénéfique, la transformation se doit d’être au rythme de la nature, de sa nature.

Ils ont regardé le papillon déployer ses ailes. Ils l’ont encouragé, sans jamais le brusquer. Ils ont cru à ses pouvoirs, sans jamais s’arrêter à ses soi-disant pertes. Ils lui ont fait confiance quand le papillon lui-même doutait de lui. Ils l’ont incité à prendre son envol. Le papillon pouvait le faire, il avait juste besoin d’être convaincu que tout était possible.

Alors, il a défroissé ses ailes, les a balancées de haut en bas et s’est lancé vers la place vide qui ne demandait que sa présence. Le papillon n’est plus chrysalide. Le papillon s’appelle Marie et bat des ailes, heureuse de sa nouvelle vie, de sa belle vie. Marie peut maintenant dire qu’elle est passée de soie aux ailes, à ce soi vers elle.

Parce que dans un jardin non loin de chez elle, des gens ont cru en elle, malgré les pertes, malgré les ralentis, malgré la maladie. Ces personnes ont vu ce que Marie-Papillon ne voyait plus. Ses ailes, aussi douces que fortes que la soie qui l’a protégée pendant sa métamorphose. Vole, Marie, vole. Le paysage est magnifique.

 

 

 

M-C.

Source photo: Unsplash

Champagne & Confetti

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