Il fut un temps où j’aimais beaucoup publier sur les réseaux sociaux des photos de mon quotidien, des commentaires sur mes activités et sorties, des tranches de vie marquantes. Livre ouvert sur ma vie et mon quotidien, sans même que personne n’ait à me le demander. De l’exhibitionnisme social à l’état brut.
Enfin bref, les années filent et je me rends compte à quel point s’exhiber sur le net répond à un besoin égocentrique d’approbation sociale et de comparaison. Beaucoup de recherches se sont prononcées sur le phénomène, mais je n’avais jamais pris le temps de m’arrêter pour observer les publications et fils d’actualités Facebook et Instagram de mes «ami(e)s». Pour ma part, je n’ai jamais vraiment été du type Selfie/auto-portrait et alouettes. Ce que j’aime, c’est de partager des moments de bonheur. Par exemple, une photo de mon environnement à la maison qui m’inspire la détente, une activité plein-air qui offre un super décor, le petit cocktail qui inaugure la première terrasse de la saison, un feu de camp sur le bord de la rivière en camping, des recettes succulentes, etc. En prenant la photo et en la partageant, c’est comme si je m’assurais d’immortaliser le moment. Je suis certaine que je ne suis pas la seule à penser ainsi. Mais la vraie question c’est… immortaliser pour qui?
Certes, il y a des moments qu’on ne peut pas ne pas immortaliser, parce qu’ils font partie du timeline de la vie et qu’ils ne passent qu’une seule fois (photos d’enfants, de fêtes, mariages, etc.). Mais en même temps, sommes-nous obligé(e)s de les partager? Et j’ajouterais: sommes nous obligé(e)s de les partager avec des centaines de gens que nous connaissons peu ou pas? Je vis un malaise grandissant à l’idée que des étrangers ou des connaissances possèdent des informations sur moi. Plus je vieillis et moins j’ai envie que le monde en sache sur moi.
C’est sans jugement que j’écris ce papier, puisque je comprends parfaitement le fait que l’on désire partager notre bonheur avec d’autres. Somme toute, mon regard a changé et désormais, lorsque je vois une photo, je m’interroge. Pour quelle raison cette personne tient à nous partager cette photo/moment? Est-ce parce que la personne a besoin que l’on partage son bonheur avec elle? Peu importe la raison, il y a quelque chose de paradoxal dans tout ça. Si j’accorde une importance particulière au moment que je vis et que mon besoin est de m’en imprégner, pourquoi le gâcher en sortant mon téléphone et en prenant une photo? Clique. Je pourrais vous sortir plein d’exemples de mon vécu ou de celui de mon fil d’actualités et je suis certaine que vous en avez plein qui vous viennent en tête aussi.
Enfin, je pense que ce qui a vraiment changé dans ma façon de voir les choses, c’est que j’ai compris que j’éprouvais davantage de bonheur en profitant du moment présent en immortalisant les souvenirs dans ma tête. Et si l’envie de prendre un cliché me vient, alors je le fais et je me dis que je pourrai l’afficher sur le mur de MA maison et ainsi pouvoir revivre le souvenir chaque fois que je passerai devant. Parce qu’après tout, une image représente 101 souvenirs pour la personne qui l’a vécu et qui se trouvait derrière la lentille à ce moment précis… mais elle représente très peu pour la personne qui la regarde derrière un écran.
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M.
Source photo: Unsplash
Cela s’appelle l’expérience personnelle, je crois, et rien ne la remplace ! ( c’était ma minute de sagesse aujourd’hui :) ) amitiés