6h30. Mon cadran sonne, je me lève de peine et de misère pour commencer une nouvelle journée. J’aime vraiment beaucoup dormir… mais je travaille très dur. Je suis le genre de fille qui s’investit à fond dans tout ce que je fais et pour qui dire non n’est pas un jeu d’enfant!
Je me suis longtemps perçue comme une carriériste. Des enfants, une maison en campagne, du temps pour autre chose que développer de nouveaux projets me semblaient un peu futile. Je ne sais pas si c’est le temps qui fait son œuvre, si c’est l’amour ou les petites lignes qui se dessinent un peu sur le coin de mon œil quand je souris, mais mes priorités ont bien changé. L’argent, le succès et la reconnaissance; c’est maintenant ça qui prend en futilité.
Les années passent, les miennes aussi. Je prends en assurance et en expérience, mais mon cœur s’éloigne de cette envie de me forger une identité à travers ma carrière. Je cherche un sens. Je me dis que la vie, c’est sûrement plus que de se tuer à l’ouvrage dans un monde où le talent est trop souvent tenu pour acquis et où les cerveaux deviennent instruments.
Je baigne dans ce monde tous les jours, car ma réalité professionnelle rime avec performance. C’est une réalité que j’ai choisie et c’est hyper stimulant, mais je manque parfois d’équilibre. Je commence à être à court d’arguments pour justifier le temps et l’énergie que j’y accorde. La vie quant à elle, avance sur la voie d’à côté et je ne veux plus simplement la regarder passer parce que je suis trop occupée à bûcher pour assouvir les rêves de quelqu’un d’autre.
Je pense sincèrement que la vie, c’est plus que ça. C’est plus que la chaîne de montage, que le voisin gonflable. C’est plus que l’atteinte de l’inaccessible étoile du pouvoir.
J’ai lu un livre dernièrement qui parlait de la raison d’être. Pourquoi sommes-nous ici? Il y a autant de raisons d’être qu’il y a d’individus, mais je pense que jusqu’à maintenant, la mienne s’inspirait un peu trop de ce qu’on voit à la télé. De ce que mes pairs attendent de moi, de ce que les gens vont dire ou penser, de ce que la société a préparé pour ma venue. Je pense que ma véritable raison d’être commence à prendre. La simplicité, le calme, la découverte, l’amour.
J’ai envie de donner la vie. Mais pour moi, donner la vie c’est aussi la voir éclore, la voir évoluer, l’aider à tracer son chemin, voir ses revers, ses réussites. Et si ma vie à moi n’était plus si importante et que j’étais prête à laisser la place à quelqu’un d’autre?
Alors je quitte. Je vais voir ce qui se passe ailleurs, là où mes connaissances, mon salaire, mes deadlines et mes accomplissements n’ont aucune importance. Je ne quitte pas pour longtemps, j’ai juste besoin de vacances quelque part à l’autre bout du monde pour me reconnecter avec moi-même. Je vais me nourrir le cœur et je sens que cette pause va confirmer bien des choses.
M-M.
