Dernièrement, j’ai eu un faible (des faibles) pour des hommes en couple. J’imagine que j’avais tellement besoin d’être aimée que je voulais qu’on m’aime plus que les autres. En fait, je voulais qu’ils m’aiment plus qu’Elles.
La première fois que j’ai endossé le rôle de maîtresse, je vivais plutôt bien avec ma transgression du Girl Code. Bien honnêtement, je n’avais aucun remord face à Elle. Je voulais avoir ce qu’Elle avait et je l’obtiendrais d’une manière ou d’une autre. Elle était mon adversaire. Je devais gagner, la battre à ce jeu-là, alors qu’Elle ne savait même pas qu’elle menait un combat. Un jeu déloyal où les dés étaient pipés d’avance pour Elle. Je connaissais parfaitement mon adversaire, alors qu’Elle, Elle ignorait en avoir un.
Je suis peut-être une horrible personne, mais je n’ai même jamais ressenti de culpabilité pour lui avoir pris celui qu’Elle aimait. J’avais gagné et c’est tout ce qui comptait pour moi. De toute façon, c’était sa faute si Elle l’avait perdu. Elle n’avait pas dû être assez attentive à lui s’il avait ressenti le besoin d’aller voir ailleurs. C’était à Elle de mieux s’en occuper si Elle voulait le garder. En plus, il fallait vraiment être stupide pour ne pas réaliser ce qui se passait. Avec le recul, je sais bien qu’Elle fermait plutôt les yeux sur tout ça pour ne pas devoir y faire face. Bref, je me racontais toutes sortes de choses pour la rendre responsable de son malheur et ainsi me déculpabiliser moi-même. Me rendre innocente de toute trahison féminine.
La deuxième fois que je suis tombée dans le panneau (il faut croire que je n’apprends pas), c’était tout autre chose. Je voyais comment il l’aimait et comment c’était difficile pour lui de s’avouer que ça n’allait plus entre eux. Je voyais à quel point il souhaitait réparer les choses, ne pas la laisser tomber. C’était un gars vraiment gentil, vraiment bien et je me disais que s’il l’avait choisie, Elle, c’est qu’Elle devait aussi être une personne formidable. C’est connu, les bonnes personnes sortent toujours ensemble, non? Je me disais que s’il avait passé les neuf dernières années à ses côtés, c’est qu’Elle le méritait lui. Je n’ai jamais eu de désir de victoire sur Elle. Je ne l’ai jamais considérée comme une adversaire ou une ennemie. Dès le début, j’ai ressenti de la culpabilité envers Elle. Je me sentais si mal de lui faire subir ça, car pour moi, c’était une évidence qu’Elle avait des doutes. Elle savait bien que quelque chose clochait, qu’il avait changé. Et j’espère qu’Elle m’a détestée et qu’Elle me déteste encore aujourd’hui pour ce que je lui ai enlevé.
Parfois, j’allais voir son profil Facebook et je les voyais ensemble. Si beaux, si forts et si heureux. Surtout si amoureux. Et je désirais tellement avoir ce qu’Elle avait. Un homme aussi merveilleux que lui qui me regardait comme il la regardait Elle. C’est ça que je voulais. Mais au fond, c’est moi qui ai perdu ce coup-ci, parce que jamais il ne m’aimera comme il l’a aimée Elle. En fait, je pense qu’il ne m’aimera jamais point. Je suis celle qui l’a aidé à traverser tout ça, à exprimer une partie de lui qu’il ne pouvait pas montrer avec Elle. Mais je ne serai jamais Elle. Je sais qu’Elle a dû passer des heures d’angoisse à se demander où il était alors qu’Elle le savait tellement au fond d’Elle-même. J’aurais souhaité ne jamais être à l’origine de sa souffrance, de ses inquiétudes et de sa peine de voir celui qu’Elle aimait la quitter.
J’ose espérer que c’était la dernière fois que je transgressais les lois de la solidarité féminine. En leur faisant du mal à Elles, je m’en faisais à moi aussi. Je ne suis pas très fière de ce que j’ai fait et je souhaite que mon désir de victoire, mon trop grand besoin d’amour, ne m’entraîne plus sur ce genre de chemin sinueux. Je souhaite m’aimer et me respecter assez pour ne plus voler le bonheur des autres. Je souhaite surtout les respecter Elles comme je voudrais qu’Elles me respectent.
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